C’est un paradoxe, dans un mouvement qui au demeurant n’en manque pas. Nombre de créatrices réunies ici auraient en effet refusé d’être regroupées sous la bannière commune d’« artistes femmes », car elles se sont battues contre l’essentialisation.
De plus, certaines réfutaient l’étiquette surréaliste, puisqu’elles entretenaient une relation ambivalente avec le mouvement. Pourtant, malgré ces précautions oratoires, force est de constater que l’exposition du Musée de Montmartre relève le pari de rassembler d’importantes personnalités féminines dans une exposition résolument engagée, sans céder aux sirènes de l’anachronisme ni du misérabilisme. En s’appuyant sur un corpus prolifique, la manifestation démontre que, contrairement aux clichés, les femmes ont en effet entretenu un long compagnonnage avec ce courant. Et que leur disparition des radars est surtout le fait de l’histoire de l’art et des institutions, qui les ont peu soutenues. Logiquement, l’écrasante majorité des 150 œuvres est inédite et issue de collections privées. L’accrochage abonde en surprises, pour ne pas dire en révélations tant elles sont méconnues. En marge de personnalités déjà consacrées comme Dorothea Tanning, Eileen Agar ou Meret Oppenheim, on découvre ainsi tout un continent inconnu. Les peintures de Suzanne van Damme et d’Ithell Colquhoun sont, entre autres, de véritables coups de cœur. Tout comme les tableaux de Jacqueline Lamba, qui sort enfin de l’ombre de son envahissant époux, un certain André Breton.
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Conjuguer le surréalisme au féminin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°766 du 1 juillet 2023, avec le titre suivant : Conjuguer le surréalisme au féminin