Art ancien

Milan (Italie)

Canova et Thorvaldsen, le choc des titans

Gallerie d’Italia - Jusqu’au 15 mars 2020

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 17 décembre 2019 - 308 mots

Non, vous n’avez pas la berlue ! Normalement, elles ne sont, en effet, bien que trois : Euphrosyne qui incarne la joie, Thalie l’abondance et Aglaé la beauté.

Or, à Milan, les célèbres Grâces semblent être six. À quelques mètres de distance, il est ainsi bien difficile de déceler les différences entre les deux groupes sculptés monumentaux qui ouvrent magistralement l’exposition « Canova/Thorvaldsen ». En s’approchant, et surtout en tournant autour des belles, le connaisseur parvient petit à petit à distinguer l’œuvre de l’Italien de celle du Danois. Travail de la chevelure, attitude, traitement du marbre : les deux géants ont chacun apporté leur touche à ce motif incontournable. Depuis la Renaissance, le sujet est en effet un thème obligé pour tout artiste ambitieux qui se respecte. Dans le cas de Bertel Thorvaldsen, ce thème est aussi l’occasion rêvée de se confronter au maître alors incontesté de la sculpture : Antonio Canova, une véritable vedette dont l’Europe entière s’arrache les œuvres. Dès son arrivée dans la Péninsule, Thorvaldsen va sans cesse essayer de le challenger. Un duel qui excita les commentateurs de l’époque et alimenta les gazettes romaines comparant les deux protagonistes aux « Achille et Hector de la sculpture ». L’exposition fait revivre cette rivalité mythique en réunissant cent cinquante pièces, dont quelques-uns de leurs chefs-d’œuvre les plus célèbres comme Amour et Psyché ou Hébé, qui illustrent comment Thorvaldsen tenta de rivaliser avec Canova sur les mêmes sujets, tout en développant une approche moins virtuose, mais en quelque sorte plus moderne. Ce splendide Olympe de marbre est complété par des tableaux, des gravures, mais aussi des copies d’époque et de petits tirages qui rappellent l’immense notoriété de ces démiurges. Une rencontre au sommet servie, par ailleurs, par une scénographie irréprochable et inspirée, qui reprend certains dispositifs du XIXe siècle, comme l’utilisation de miroirs pour valoriser les œuvres sous leur moindre facette.

« Canova et Thorvaldsen. La naissance de la sculpture moderne »,
Gallerie d’Italia, 6 piazza della Scala, Milan, www.gallerieditalia.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°730 du 1 janvier 2020, avec le titre suivant : Canova et Thorvaldsen, le choc des titans

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