VENISE / ITALIE
Une exposition que l’on déroule comme une pelote de laine, où la première œuvre introduit la suivante et ainsi de suite, remontant ainsi le fil d’un œuvre pour former une rétrospective.
C’est la réussite de cette exposition de Bruce Nauman, monstre sacré de l’art américain, à la Pinault Collection. Le parcours commence avec Contrapposto Studies, I through VII. Dans cette série réalisée en 2015 et 2016, Nauman se filme marchant dans son atelier, en insistant sur son déhanché pour appuyer le contrapposto , cette position du corps qui nourrit l’art occidental, de l’Antiquité grecque à la Renaissance italienne. Fragmentées, montées en boucle, projetées sur les immenses murs de la Pointe de la Douane, ces « études de contrapposto » poursuivent un travail engagé en 1968 avec Walk with Contrapposto (marcher en contrapposto ), vidéo dans laquelle l’artiste se filmait déjà, mains sur la nuque, simulant ladite marche dans son atelier. Cette vidéo est diffusée sur un téléviseur cathodique trois salles plus loin. La simplicité de son dispositif, une simple bande magnétique en noir et blanc, tranche avec la nouvelle installation numérique, plus « complexe » et en couleur. Entre ces deux vidéos-performances, l’exposition tire des ficelles un peu partout. Ici les cloisons, présentes dans la vidéo de 1968 pour simuler un couloir contre lequel se heurte le corps de Nauman, et réutilisées à plusieurs reprises – en 1970 avec Diagonal Sound Wall et en 2020 avec Acoustic Wedge (Mirrored), spécialement produites pour l’exposition. Là l’atelier, condition sine qua non de toute œuvre chez Nauman qui, dans l’avant-dernière salle du parcours, fait œuvre en prenant la forme d’une reconstitution virtuelle dans laquelle le visiteur peut « déambuler », à la manière d’un jeu vidéo ( Nature morte, 2020). Pour quitter l’exposition, il faut repasser par la première salle. On réalise alors que l’artiste a vieilli – il est né en 1941 –, ce qu’il ne cherche pas à cacher, ni son embonpoint, ni la poche qu’il porte sous son tee-shirt, signe d’un traitement médical. Son œuvre, elle, n’a pas pris une ride.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Bruce Nauman, de fil en aiguille
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°745 du 1 juillet 2021, avec le titre suivant : Bruce Nauman, de fil en aiguille