Bons vents !

Quoi de plus naturel en effet d’évoquer un tel sujet sur un site intrinsèquement lié au paysage portuaire, face à la mer, témoin quotidien des aléas climatiques. « Figure de l’irreprésentable » (Pascale Dubus), à l’instar de la mort ou de la tempête, le vent est un motif pictural qui traverse l’histoire de l’art. Près de 170 œuvres, tous supports confondus, témoignent des diverses manifestations et représentations autour de cette notion météorologique. Il ne s’agit plus de figurer ou d’imiter, mais bien d’incarner et de matérialiser, à travers sa personnification par les artistes de l’Antiquité, par exemple, ou de suggérer subtilement, en témoigne le délicat ondoiement du voile recouvrant l’allégorie peinte par François Gérard. Tandis que ce motif du sublime trouve un écho particulier chez les romantiques, reflétant les tourments de leurs états d’âme, dévastant des paysages pittoresques, il se transforme peu à peu en un motif phénoménologique, que les impressionnistes expérimentent d’autant mieux qu’ils peignent en plein air. Si l’invention du cinéma facilite un temps la tâche, il semblerait que les artistes contemporains poursuivent encore l’exploration de cet élément. Souffle nouveau de la création, le vent se veut poésie même, comme le montrent les photographies envoûtantes d’Éric Bourret.