Que peut la peinture face aux nouvelles technologies ? Quelle place occupe-t-elle dans un monde artistique post-médium ? C’est la question à laquelle tente de répondre Vincent Pécoil avec cette exposition rassemblant des œuvres réalisées par une quarantaine d’artistes entre 2000 et 2020, toutes issues des collections publiques françaises.
Sans davantage de critères, le commissaire souhaite présenter un panorama, sinon exhaustif, du moins représentatif des évolutions de la peinture depuis l’avènement du XXIe siècle. Le projet est ambitieux, dans l’air du temps, mais, malgré un accrochage efficace et de très belles œuvres (Flora Moscovici, Peter Halley, Sylvie Fanchon, Ida Tursic & Wilfried Mille), le résultat est décevant. Le parcours thématique reprend les genres picturaux traditionnels (natures mortes, paysages, histoire, etc.) et les déjoue pour montrer que cette classification est aujourd’hui désuète. Certes, au fil des salles, la peinture est présentée comme une pratique poreuse, qui « affiche sa propre obsolescence » et absorbe les évolutions technologiques pour se renouveler, sortir du cadre qui lui est traditionnellement dévolu. Cette réalité ne représente cependant qu’un aspect de la peinture aujourd’hui. On observe en effet un véritable retour en force du médium pictural dans la création actuelle, retour qui peut être compris comme une réaction directe à la supposée « mort » de la peinture et/ou un outil de résistance face à l’omniprésence du numérique. Inclure des œuvres d’artistes émergents, digital natives– et donc millennials– dans ce panorama aurait sûrement permis d’aborder cet aspect fondamental de la peinture actuelle.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°738 du 1 novembre 2020, avec le titre suivant : Bilan mitigé de la peinture au XXIe siècle