Au trot ou au galop

Mais le sport n’est pas l’apanage des athlètes, à deux ou quatre pattes, car les visiteurs devront eux aussi chausser une bonne paire de baskets pour arpenter le dédale de salles et galeries à la découverte de cette exposition fleuve. Une telle occasion était en effet trop tentante pour ne pas concrétiser un projet attendu de longue date entre ces murs dorés, où le cheval fut longtemps roi. Les commissaires ont donc vu les choses en grand : ils ont concocté une exposition XXL qui investit les espaces dévolus aux événements temporaires, mais qui s’immisce également dans le parcours permanent, au risque de saccader un peu la visite puisque le propos se déploie dans certains espaces parmi les plus fréquentés du site, à commencer par la galerie des Glaces. Galerie dont on ne comprend pas trop pourquoi elle a été incluse dans le circuit tant la présentation d’un grand portrait du petit prince Léopold de Médicis n’apporte ici pas grand-chose au reste de l’exposition. Il en est de même pour les rutilants chefs-d’œuvre d’orfèvrerie réunis dans le salon de la Paix et qui sont pratiquement invisibles car noyés dans la foule qui se masse dans cet axe de circulation. D’autres propositions fonctionnent au contraire à merveille, à l’image de l’armada d’armures montées sur leurs destriers caparaçonnés qui illuminent le salon d’Hercule. Les appartements de Madame de Maintenon constituent un bel écrin pour un ensemble de dessins anatomiques et les quartiers de la Dauphine déroulent une série d’œuvres poétiques illustrant la dimension symbolique du cheval. Car c’est la force de ce projet qui, malgré quelques bémols et lenteurs, s’impose comme une grande exposition de civilisation passant en revue presque toutes les facettes de la gent équine dans notre culture. Le tout sans céder à l’effet catalogue et en réservant de belles surprises.