La foule dense massée devant le Prado ne laisse guère planer de doute : le musée est le théâtre d’un événement d’anthologie, de portée internationale à en juger par la diversité des langues que l’on y entend.
Cette tour de Babel disciplinée, bruissant du rythme des éventails, accessoire indispensable pour résister au brûlant soleil madrilène, sait que le jeu en vaut la chandelle. C’est une exposition unique, de celles que l’on ne voit qu’une fois dans sa vie, qui l’attend. Une grande première, puisque la quasi-totalité des tableaux de Jérôme Bosch est rassemblée dans un seul lieu, alors qu’il ne subsiste qu’une vingtaine d’œuvres du génial Flamand. Des joyaux dont les propriétaires ne se séparent pratiquement jamais, mais les prêteurs se sont laissés convaincre par un argument de taille, les 500 ans de la disparition de l’artiste. Un anniversaire que l’établissement espagnol célèbre avec brio en présentant cinquante-trois œuvres, dont vingt et une peintures et huit dessins du maître. L’exposition s’ouvre ainsi sur une sélection restreinte d’œuvres de contexte, brossant leur environnement artistique et leur impact profond sur ses contemporains, avant que le public n’embarque pour une palpitante balade thématique. Choix judicieux, car la chronologie de Bosch demeure mal connue, ce parti pris permet aussi des rapprochements entre des pièces déclinant des sujets similaires et souligne la force d’invention de l’artiste. Les chefs-d’œuvre du Prado (L’Adoration des Mages, Le Chariot de foin) dialoguent avec des pièces venues de Londres, Bruges, Venise, Lisbonne, Berlin, New York, Vienne, Gand ou encore Washington. La vedette incontestée reste toutefois son icône : Le Jardin des délices. À l’instar des autres polyptyques, il est magnifié par une scénographie sobre et ingénieuse. Il trône sur un socle, donnant à voir toutes ses faces, prolongé par un long banc courbe où l’on peut s’asseoir pour scruter à l’envi le triptyque et tenter de percer ses innombrables et mystérieux détails. Avec la sensation qu’une vie n’y suffirait pas.
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Au paradis avec Bosch
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Abonnez-vous dès 1 €Musée national du Prado, calle Ruiz de Alarcón, 23, Madrid (Espagne), www.museodelprado.es
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°692 du 1 juillet 2016, avec le titre suivant : Au paradis avec Bosch