Ville martyre, Reims symbolise les ravages de la Première Guerre mondiale mais aussi la réconciliation franco-allemande. Y organiser une exposition sur l’art des deux côtés du front pendant la Grande Guerre prend donc tout son sens en plein centenaire de 14-18.
Le Musée des beaux-arts rémois s’allie avec le Musée Von der Heydt de Wuppertal pour sonder l’attitude des artistes à l’aube du conflit. Le spectre de la cathédrale de Reims, détruite par les troupes ennemies, hante d’ailleurs durablement les artistes français, comme le rappelle une riche section qui fait la part belle à Paul Hubert Lepage. Ambitieuse, l’exposition revendique une vision sociétale. « Pour comprendre cette période, il faut embrasser la dimension culturelle du conflit et dépasser l’histoire de l’art canonique qui n’a longtemps reconnu que les seules avant-gardes », explique David Liot, le directeur du musée. Que l’on se rassure : le parcours est cependant jalonné de chefs-d’œuvre signés Léger, Beckmann, Dix, Kokoschka, sans oublier Heinrich Hoerle, dont le Monument aux prothèses inconnues traduit la misère absolue des mutilés dans l’Allemagne des années sombres. Mais là où l’exposition réussit vraiment son pari, c’est en brisant toute hiérarchie entre pièces maîtresses et artistes confidentiels dont le travail a été longtemps dénigré. Pour ce faire, le musée rémois a réalisé un véritable chantier de collection en étudiant et en restaurant le fonds Lemétais, composé de milliers d’œuvres graphiques réunies entre 1916 et 1923. Les plus belles feuilles en ont été exhumées et dialoguent avec des icônes, comme la célébrissime série La Guerre d’Otto Dix. La confrontation est saisissante, non seulement car les petits maîtres comme Antral, Didier ou Paulus traitent de thèmes similaires, mais aussi parce qu’ils ont rarement à rougir de la comparaison.
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14-18 : la revanche des petits maîtres
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Abonnez-vous dès 1 €Musée des beaux-arts, 8, rue Chanzy, Reims (51), www.reims.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°673 du 1 novembre 2014, avec le titre suivant : 14-18 : la revanche des petits maîtres