Malgré des diplômes appréciés, les écoles supérieures d’art souffrent d’un manque de moyens et d’ouverture à l’international
Une étude britannique réalisée par le National Endowment for Science, Technology and the Arts en 2008, et intitulée How fine arts graduates contribute to innovation (Comment les étudiants d’art contribuent à l’innovation), constatait que les diplômés des écoles d’art ont une réelle aptitude à l’innovation, car ils savent croiser différents champs disciplinaires. Tout est dit sur le principal atout des écoles d’art : former des personnalités capables de s’insérer dans un large éventail de professions. En moyenne, en France, seuls 4 à 5 % des étudiants deviennent artistes professionnels, mais 76 % trouvent un emploi dans le milieu artistique. « Ce résultat montre que le moteur de l’enseignement reste l’engagement dans un projet artistique », insiste Sylvain Lizon, directeur de l’école supérieure d’art de Clermont Communauté. Les élèves des écoles d’art sont plutôt gâtés, avec un taux d’encadrement d’un professeur pour dix étudiants et des frais d’inscription abordables, en moyenne de 500 euros par an.
La France souffre toutefois d’une cartographie très éclatée et hétérogène. Chaque école reflète le contexte artistique et le volontarisme culturel de sa région, et plus encore de sa ville, qui la finance à hauteur de 60 à 85 %. Si l’environnement est atone, l’établissement s’en trouve forcément affaibli. La plupart d’entre eux se plaignent aussi de sous-effectifs et d’un budget trop serré. L’argent est bien le nerf de la guerre, alors que les perspectives de financements privés restent limitées. Même si les écoles de design ont plus de chances de nouer des partenariats avec les entreprises, l’apport privé ne représente, par exemple, que 2 à 3 % du budget de l’école supérieure d’art et de design de Saint-Étienne. Les institutions où l’option « art » est dominante ont, quant à elles, peu de chance de bénéficier de la taxe d’apprentissage. Pour augmenter ses revenus, Clermont-Ferrand mise sur le développement de la formation continue.
Rémunérations modestes
Les établissements français se voient aussi reprocher leur faible ancrage international. « Ils fonctionnent trop en autonomie, ne travaillent pas sur les contenus pédagogiques avec leurs homologues étrangers », regrette Alain Deray, directeur de la Villa Arson, à Nice. Certes, l’École nationale supérieure des beaux-arts, à Paris, ou l’école nationale des beaux-arts de Lyon ont, respectivement, cinquante et trente-cinq accords avec des établissements dans le monde. Mais toutes les deux disposent d’une personne chargée des échanges internationaux, ce qui est suffisamment rare pour être noté. « Il faudrait que nous développions 20 à 30 % d’enseignements en anglais », souligne aussi Pierre-Jean Galdin, directeur de l’école supérieure des beaux-arts de Nantes Métropole. La proportion d’enseignants étrangers reste enfin faible, à cause des modestes rémunérations françaises. Ces failles sont surtout symptomatiques de la marginalisation qu’a connue l’enseignement artistique par rapport à l’enseignement supérieur. Un point auquel la réforme (lire page ci-contre) devra remédier.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°319 du 19 février 2010, avec le titre suivant : État des lieux