Emeutes en Tunisie : les artistes dénoncent une « vaste manipulation »

Les artistes tunisiens se défendent d'être à l'origine des troubles qui viennent de secouer le pays. Par l'intermédiaire du syndicat des Arts plastiques, ils accusent certains membres du gouvernement d'avoir induit l'opinion publique en erreur en lui fournissant de fausses informations, et d'avoir sciemment voulu entretenir sa défiance envers les artistes.

Des reproductions d’œuvres, qui n'ont jamais fait partie du « Printemps des Arts », l'exposition à l'origine de la colère des salafistes, ont notamment circulé sur les réseaux sociaux. Parmi d'autres, un tableau représentant un cheval ailé portant un personnage symbolisant Mahomet a été présenté sur Facebook comme faisant partie de l'exposition alors que cette oeuvre est actuellement exposée au Sénégal. Le site Internet du Printemps des Arts est également fermé depuis les incidents : cette fermeture empêchant le public d’avoir une idée claire sur les œuvres qui ont effectivement été présentées.

Amor Ghdamsi, secrétaire général du syndicat des Arts plastiques tunisiens, a annoncé son intention de porter plainte contre Mehdi Mabrouk, ministre de la Culture, qui avait mis en cause les « provocations artistiques » de l'exposition du  «  Printemps des Arts » : « Par ses propos, il a mis en danger les artistes, qui sont en réalité les vraies victimes des violences. » Puisque « des vies sont menacées », Amor Ghdamsi a également l'intention de porter plainte contre le ministre de l'intérieur Ali Laârayedh, le ministre des affaires religieuses M. Noureddine El Khadmi et l'huissier notaire accusé d'être à l'origine de toute cette affaire, Mohamed Ali Bouaziz. Plusieurs artistes ont également appelé le ministre de la Culture à la démission, qualifiant d' « indigne », d' « inacceptable » et de « honteuse » sa position.

Dimanche 10 juin, l'exposition « Le Printemps des Arts », a été vandalisée par des salafistes. Plusieurs oeuvres, dénoncées comme impies et attentatoires « aux valeurs du sacré », ont été lacérées ou brûlées. Quelques heures plus tard, des émeutes commençaient dans plusieurs villes de Tunisie, faisant au total un mort et une centaine de blessés.