C’est d’abord l’histoire d’un désamour, d’une rupture avec les crayons, d’un abandon des pinceaux, les uns et les autres jugés inaptes à traduire graphiquement sa sensibilité…
Une solide éducation artistique à l’École Estienne puis aux Arts décoratifs de Strasbourg lui ont donné le temps de jeter les traits. Alors, Véronique taille sa route. Sous ses yeux éclatent Matisse, Bonnard, Vuillard, les Nabis, les Fauves, Willy Ronis, Fredun Shapur, Shirley Jaffe. Elle décide de prendre la ligne invisible à l’œil nu des ciseaux. Sous ses doigts agiles des formes naissent, des couleurs s’extrudent, s’associent, se superposent et dialoguent généralement sur un format A4 ou à la taille d’impression des albums. Telle une directrice de casting, l’artiste sélectionne quels papiers rempliront leur tâche de couleur qui tranche. Les formes domptées sont sommées de servir une composition structurée, une histoire sensuelle, une ambiance nocturne. Au début se mélangeaient des papiers récupérés ou qu’elle peignait elle-même pour garantir la teinte idéale. Mais, au fil des ciseaux, la technique s’est raffinée. Le papier origami fort de sa finesse et de ses couleurs vives a gagné sa confiance. Parfois, un Crayola ou des coups de feutre retentissent pour montrer une texture. Se surprendre, conserver une approche ludique, sortir de sa zone de confort, voici le rituel de Véronique Joffre, plus connue sous le pseudonyme de Verossignól qui nous enchante et se renouvelle à chacune de ses inventions visuelles. Son nouvel album, N’aie pas peur, est paru chez l’éditeur québécois Comme des Géants. Depuis Londres où elle vit, la jeune Française est représentée par la fameuse agence Collagène. On la devine dans les albums jeunesse, dans l’exigeante sélection du London Places and Spaces (The AOI Prize of Illustration) ou pour la presse généraliste et institutionnelle. Elle est dans tous les petits papiers. Vous n’y couperez pas.
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Véronique Joffre, papiers décuplés
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°682 du 1 septembre 2015, avec le titre suivant : Véronique Joffre, papiers décuplés