Point final de la manifestation estivale, « Bêtes off » peuple la Conciergerie
de créatures humoristiques ou dénonciatrices.
PARIS - C’est une inquiétante forêt qui a investi la grande salle voûtée de la Conciergerie à Paris, un dédale stylisé, peuplé d’animaux étranges, de figures mythologiques hybrides et d’installations énigmatiques. L’ancien palais de la Cité prête son architecture gothique à « Bêtes off », conclusion de la manifestation estivale « Monuments et Animaux » organisée par le Centre des monuments historiques.
Dans une quarantaine de sites, le cycle d’exposition a réuni des artistes contemporains sur le thème de la figure animale. Caustiques, humoristiques ou dénonciatrices, leurs œuvres s’attachaient à des lieux particuliers et chargés d’histoire.
La gageure était donc de rassembler ces œuvres dans un parcours commun, malgré leurs apparentes différences voire dissonances. Le parti pris de la scénographie est à ce titre très pertinent : un jeu d’ombres et de superpositions de voiles, mêlant colonnes gothiques et voûtes d’ogives où les œuvres sont traitées comme des apparitions dans une atmosphère quasi onirique.
Ainsi, Christian Gonzembach avait investi le palais Jacques Cœur à Bourges en une forme de célébration du retour de voyage du célèbre négociant en exposant entre autres sa Hval (baleine) présente à la Conciergerie, évoquant à la fois le cétacé et la structure d’un bateau : ici la force évocatrice de l’œuvre est maintenue, presque magnifiée par son rapprochement avec une autre installation, Le temps des mouches d’Erik Nussbicker. Originellement conçu pour l’Abbaye de Montmajour (Bouches-du-Rhône), cet immense sablier en tulle s’inspire des vanités moyenâgeuses et du culte des morts pratiqué par les moines de l’abbaye.
À côté de ces œuvres monumentales, Lichaam (corps) de Berlinde de Bruyckere nous confronte à l’image distordue d’un cheval à travers une forme bizarre et l’idée d’un équidé dont il ne resterait que l’enveloppe : installée au château de Maisons à Maisons-Laffite, le temple de l’équitation, l’œuvre entrait en dissonance avec le faste décoratif des salons de réception. À la Conciergerie, elle devient une apparition inquiétante et se charge d’émotion. Bien sûr, certaines œuvres se prêtent moins bien au parcours conçu comme une ballade presque mystique. Mais le but recherché est atteint : ouvrir le regard sur l’animal, qu’il soit domestique, sauvage ou même humain.
Commissariat : Claude d’Anthenaise, conservateur en chef du Patrimoine, directeur du Musée de la Chasse et de la Nature, assisté de Raphaël Abrille, conservateur au Musée de la Chasse et de la nature
Scénographie : Massimo Quendolo et Léa Saito
Nombre d’œuvres : env. 50
Jusqu’au 11 mars, Centre des monuments nationaux, Conciergerie, 2 bd du Palais, 75001 Paris, tél. 01 53 40 60 80, www.conciergerie.monuments-nationaux.fr, tlj 9h30-18h. Catalogue, Éditions du Patrimoine, 160p., 25 euros, ISBN 978-2-7577-0148-5
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Une étrange animalerie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°362 du 3 février 2012, avec le titre suivant : Une étrange animalerie