Un ticket pour Tram

îLE-DE-FRANCE - Lancée en 2007, la manifestation « Hospitalités », qui a lieu tous les deux ans en Île-de-France, aborde cette année sa 4e édition. Elle est « le prolongement de ce qui fait le quotidien du réseau Tram tout au long de l’année, à savoir l’engagement des différentes structures qui le composent à créer les meilleures conditions pour que les artistes puissent créer, produire et montrer leur travail au public », précisent en chœur Aude Cartier, directrice de la Maison des arts de Malakoff (Hauts-de-Seine), et Éric Degoutte, directeur des Églises, le centre d’art contemporain de la ville de Chelles (Seine-et-Marne), coprésidents de Tram.

Un « Ushaïa artistique »
Autrement dit, pour comprendre le sens d’« Hospitalités », il faut suivre la ligne de Tram. On reprend. Créé en 1981, à l’époque sous le nom de « Iapif » (Information Arts plastiques en Île-de-France) et à l’initiative de quelques directeurs de structures qui ont eu le nez creux de se regrouper, Tram (Territoire, région, art, médiation) est une association qui fédère la bagatelle de 31 lieux d’art contemporain dans toute la région Île-de-France. Il paraît que les Anglais comme les Allemands nous l’envient et avouent que jamais ils ne parviendraient à faire cela chez eux. C’est bien la force et l’originalité de cette initiative que de réunir sous le même ticket des stations aussi variées que des musées (le Mac/Val à Vitry-sur-Seine, le Musée d’art moderne de la Ville de Paris…), des centres d’art (le Palais de Tokyo à Paris, le Crédac à Ivry-sur-Seine…), des domaines départementaux (l’Abbaye de Maubuisson à Saint-Ouen-l’Aumône…), des galeries municipales (la Villa des Tourelles à Nanterre, la galerie Édouard-Manet à Gennevilliers…), des fondations (la Maison rouge, l’Espace culturel Louis Vuitton), des écoles d’art (Cergy-Pontoise, Paris….), des espaces associatifs (Immanence dans le 15e arrondissement, Khiasma aux Lilas…), le Frac (Fonds régional d’art contemporain) d’Île-de-France, etc. Soit des structures situées aussi bien dans Paris intra-muros qu’à sa périphérie, de taille et de statuts très divers mais « qui constituent toutes un réseau de pensée, indique Éric Degoutte. L’activité de Tram est le résultat d’une pluralité de paroles prononcées selon un principe d’égalité ». « Tous ces lieux sont réunis par le même principe de soutien à la création et la même volonté d’accueil des artistes et du public, d’actions en commun, d’échanges et de mobilité d’une adresse à l’autre », renchérit Aude Cartier. D’où Tram et ses « Taxis-tram », qui tout au long de l’année proposent des visites en car, professionnelles et scolaires dans la semaine et destinées au grand public le samedi.

Cette année, pas de bus ni de thème trop précis. Le concept est fondé sur l’aventure avec la découverte de sept « archipels ». Chacun regroupe entre cinq et sept lieux, créant ainsi des parcours répartis sur sept week-ends affichant leur intitulé propre. Outre une réflexion sur l’idée du déplacement, du territoire ou du réseau, la spécificité de cette édition repose sur l’intervention de « narrateurs » (artistes, auteurs, conteurs…) qui accueillent ou accompagnent les visiteurs, s’ils le souhaitent – ainsi, prochainement, Gil Yefman, Olivier Nottellet, Kenneth Goldsmith et Mathieu Copeland le samedi 8 juin et dimanche 9 juin pour « Le(s) Nôtre(s) » ; Dominique Gilliot le samedi 15 juin et dimanche 16 juin pour « Double double », etc. En somme, l’aventure de part et d’autre du périphérique pour un « Ushuaïa artistique ».

« Nous n’avons pas fait le choix d’une thématique précise cette année. Nous voulions mettre en avant les questions liées à la production et à la façon de donner à voir la diversité des structures qui sont sur ce territoire. Nous avons eu envie de montrer la recherche et le travail de fourmilière », précise Aude Cartier. Une fourmilière particulièrement active puisque, sur le réseau de Tram, ce sont chaque année environ 1 500 artistes qui sont présentés dans le cadre de 200 expositions, monographiques ou collectives drainant 1,5 million de visiteurs. Au menu, 7 000 actions d’accompagnement des publics prennent des formes variées, de la simple visite commentée jusqu’à des interventions spécifiques (rencontres avec des artistes, performances, pratiques artistiques). Un travail en profondeur, dont « Hospitalités » serait encore cette saison la partie émergée de l’iceberg.