Françoise et Jean-Philippe Billarant ont ouvert un lieu dédié à leur collection d’art minimal et conceptuel.
MARINES - Pour découvrir l’espace privé ouvert par les collectionneurs Françoise et Jean-Philippe Billarant, il faut s’enfoncer dans le Vexin, jusqu’à Marines (Val-d’Oise). Le périple vaut largement le détour, car le lieu ouvert par ces hérauts de l’art minimal et conceptuel a tout d’un mini-Dia:Beacon, l’institution privée proche de New York. L’architecture moderniste d’un ancien silo à grains des années 1950 n’est pas sans rappeler les Kunsthalle allemandes ou suisses. Cohérence, rigueur et fidélité se dégagent de l’accrochage éminemment sensible, révélant un noyau impressionnant d’œuvres de Carl Andre et Robert Barry, et presque une histoire de l’art minimal et conceptuel, avec Donald Judd, François Morellet, Daniel Buren, Claude Rutault et Stanley Brouwn, jusqu’à ses résonances actuelles avec Cécile Bart, Charles Sandison, Angela Detanico et Rafael Lain ou Michel Verjux. « Une collection ne se battit pas en cinq ou dix ans, ce sont des strates successives et le temps n’est pas remplaçable. Il faut prendre des racines », souligne Jean-Philippe Billarant. À côté des œuvres acquises depuis trente ans par le couple, cinq commandes spécifiques ont été passées à Robert Barry, Niele Toroni, Felice Varini, Michel Verjux et Krijn de Koning.
Faire vivre le lieu
Bien que les collectionneurs aient commencé à montrer leur ensemble au public en 1997, avec l’exposition « Le bel aujourd’hui » au Nouveau Musée de Villeurbanne, l’idée d’un espace les tourmentait depuis 1994. « Toutes nos œuvres étaient stockées dans des conteneurs chez des transporteurs. Nous nous sommes dit qu’il fallait tout réunir et montrer », explique Françoise Billarant. Nous avions un sentiment de culpabilité. Bien sûr, nous avons soutenu les artistes en les achetant, en dialoguant avec eux, mais nous n’étions pas allés jusqu’au bout. Il fallait un lieu pour les montrer. » Après avoir abandonné l’idée d’une usine en Bourgogne, le couple commence à explorer la région parisienne. En 2007, il découvre cet ancien silo désaffecté à une vingtaine de kilomètres de Cergy-Pontoise. L’enthousiasme est immédiat. Les Billarant achètent le bâtiment, obtiennent, avec l’architecte Dominique Perrault, le permis de construire en 2008, avant que le chantier de réaménagement ne soit assuré par son confrère Xavier Prédine-Hug. La tâche n’était pas mince, puisqu’il a fallu refaire la verrière et couler une dalle de béton intermédiaire pour créer un étage et une mezzanine.
Le tout sera de faire vivre cet espace. Le couple a d’ores et déjà reçu des demandes pour des visites de groupe, notamment pendant la Fiac. Sans doute, au fil des ans, va-t-il déployer le reste de sa collection, puisque manquent à l’accrochage inaugural certains créateurs, comme Joseph Kosuth ou Dan Flavin.
Le silo
Route de Bréançon, 95640 Marines, tél. 01 42 25 22 64, lesilo@billarant.com, sur rendez-vous
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Un mini-musée privé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°349 du 10 juin 2011, avec le titre suivant : Un mini-musée privé