Programmés pour explorer, assister ou construire, les robots défilent au Vitra Design Museum, démontrant avec une certaine jubilation que la science-fiction est devenue réalité.
WEIL AM RHEIN - Le robot a ceci de particulier qu’il est à la fois séduisant et redoutable. L’exposition « Hello, Robot. Design zwischen Mensch und Maschine » (« Hello, Robot. Design entre l’humain et la machine ») présentée jusqu’au 14 mai au Vitra Design Museum (VDM), à Weil am Rhein (Allemagne), tente d’aplanir les doutes. Concoctée par le VDM associé au Musée des arts appliqués de Vienne (Autriche) et au Musée du design de Gand (Belgique), elle réunit plus de 150 pièces en tous genres (objets, robots, maquettes, affiches, livres, films…) qui dressent un panorama conséquent sur l’essor actuel de la robotique, y compris dans la vie domestique. « Il existe sensiblement deux approches, estime Amelie Klein, conservateur au Vitra Design Museum et commissaire de la présentation, soit les robots vont sauver le monde et, par exemple, résoudre le problème du réchauffement climatique ; soit ils vont le détruire, d’abord en prenant le travail des humains, puis en prenant carrément leur place. Le but de cette exposition est de mettre en regard ces deux aspects et d’amener les gens à y réfléchir en parallèle. »
D’abord, il y a le divertissement dans la première salle qui, à elle seule, suffit à mettre le public dans sa poche ! On y retrouve, une flopée de joyeux engins nés sous l’égide de la science-fiction, à commencer par Gundam et Zaku, deux robots créés par la firme japonaise Bandaï pour la série d’animation télévisée « Mobile Suit Gundam » ; ou l’emblématique R2-D2, robot-star de la saga La Guerre des étoiles, venu tout droit des archives du réalisateur George Lucas. Dans une vitrine, les experts reconnaîtront la fameuse collection (abrégée) de space toys et autres spécimens « vintage » de Rolf Fehlbaum, ancien PDG de… Vitra justement. Sont, en outre, projetés des extraits de films, de Metropolis (1926) à Matrix (1999), dans lesquels déambulent quantité d’« humanoïdes » peu sophistiqués.
De la conquête de mars à l’imprimante 3D
Après ce préambule tant historique que fictionnel, la présentation entre de plain-pied dans la réalité. On découvre alors les multiples applications actuelles de la technologie robotique, depuis son usage dans l’armée ou la recherche spatiale jusqu’au domaine de la santé, en passant par les multiples secteurs de l’industrie. Le robot sur chenilles Bear (US Army) permet d’extirper un blessé d’une zone de combat. Pour la Nasa, le véhicule Curiosity – suivi par un million de followers sur Twitter (le téléphone portable lui aussi est un robot) – a accumulé une multitude d’images de la planète Mars. Aujourd’hui, l’imprimante 3D sait produire une chaise toute seule, comme en témoigne la Endless Flow Rocking-Chair de Dirk Vander Kooij, conçue entièrement en plastique recyclé. Bientôt, à Amsterdam, elle fabriquera, cette fois avec une poudre métallique, le MX3D Bridge, une « vraie » passerelle piétonne dessinée par Joris Laarman et positionnée sur un canal. Une vidéo en montre le prototype et surtout l’étonnante technologie. Avec son RV Prototype, l’architecte américain Greg Lynn imagine, lui, une maison futuriste de 60 m2 en forme d’œuf, montée sur de multiples vérins et poulies afin de lui permettre de se mouvoir à 360° horizontalement et à 180° verticalement. Mieux : un drone commandé par un algorithme sophistiqué construit tout seul un bâtiment (Flight Assembled Architecture, Gramazio Kohler Architects).
Seul bémol : le parcours se déroule autour de quatorze questions – Avons-nous vraiment besoin des robots ? Les robots sont-ils nos amis ou nos ennemis ? etc. –, mais n’esquisse au final aucune réponse, escomptant sans doute noyer cette absence dans l’abondance des pièces présentées. S’il n’est rassasié, le visiteur ira enfin admirer, cette fois à l’extérieur du musée, l’Elytra Filament Pavilion imaginé par l’Allemand Achim Menges, une structure entièrement conçue par ordinateur et fabriquée par des robots.
On notera enfin que même le catalogue de l’exposition, passionnant et à la couverture impeccable, a vu sa maquette générée par un algorithme. Comme l’observe, avec justesse, Amelie Klein : « Nous vivons dans un monde robotisé. Pas la peine d’avoir peur de quelque chose qui devrait arriver dans le futur. Nous y sommes déjà ! »
Commissaires de l’exposition : Amelie Klein et Erika Pinner pour le Vitra Design Museum (Allemagne), Thomas Geisler et Marlies Wirth pour le Museum für Angewandte Kunst de Vienne(Autriche) et Fredo de Smet pour le Design Museum Gent (Belgique).
Nombre de pièces : plus de 150.
Collection de robots-jouets historiques, 1956-1980, collection particulière. © Photo : Andreas Sütterlin.
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Trop robots pour être vrais
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 14 mai, au Vitra Design Museum, Charles-Eames-Strasse 2, Weil am Rhein (Allemagne), www.design-museum.de, tél. : 49 7621 702 32 00, tlj 10h-18h, entrée 11 €.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°474 du 3 mars 2017, avec le titre suivant : Trop robots pour être vrais