Paris - Chiffonnée, froissée, repliée, déchirée, écornée, morcelée, recollée : sensibilité humaine ou feuille de papier ? Dans sa création White Dog à la croisée des arts plastiques et du théâtre, la compagnie de marionnettes Les Anges au plafond utilise ce matériau brut comme langage des émotions à travers la présence matérialisée d’un chien et des deux personnages principaux qui, manipulés par deux comédiens, prennent vie.
Adapté du roman Chien blanc de Romain Gary, qui raconte la fin de son histoire d’amour avec Jean Seberg, perturbée par l’arrivée d’un chien, dans le contexte des émeutes raciales à la fin des années 1960, White Dog explore l’intimité d’un couple « froissé » par les événements politiques. « La mise en mouvement de la matière est comme le prolongement du geste d’écriture de l’auteur », explique Camille Trouvé, comédienne-marionnettiste et cofondatrice de la compagnie aux côtés de Brice Berthoud.
Dans White Dog, le papier est à la fois chair des personnages et architecture d’un décor manipulé à vue, semblable à un carrousel dont le plateau tournant devient carré ou rond selon qu’il est plié ou déplié, mais aussi surface et élément de projection d’ombres faites de silhouettes découpées.
Le papier dont est fait le chien a été travaillé pour donner l’aspect « ébouriffé, hirsute de son poil » : « Nous avons déchiré une grande feuille de papier Canson 300 g dont les morceaux ont ensuite été recollés sur une structure en thermoplastique avec un mécanisme de ressorts et de charnière permettant d’articuler sa gueule, de retrousser ses babines, pour lui donner le plus d’expressivité possible », souligne la marionnettiste.
Même procédé avec de grands copeaux de papier collés sur les moulages en latex des visages des personnages pour suggérer le caractère brut et flou de leur relation en proie au délitement tandis que le tumulte gronde au dehors. De nombreux mots sont également inscrits sur les papiers, référence assumée aux collages surréalistes. Ces êtres de papier animés suscitent l’imagination du spectateur ainsi pris au jeu de cette métaphore poétique de l’existence humaine.
Quoi ?
« White Dog », de la compagnie Les Anges au plafond. Mise en scène de Camille Trouvé assistée de Jonas Coutancier. Marionnettes : Camille Trouvé, Amélie Madeline et Emmanuelle Lhermie.
Où et quand ?
Du 30 janvier au 11 février 2018 au Mouffetard Théâtre, à Paris. Puis, en mars au Théâtre 71 à Malakoff ; en avril à La Ferme de Bel Ebat (Guyancourt), au Bateau Feu (Dunkerque) et au Tangram (Évreux) ; en mai au THV Saint-Barthélémy-d’Anjou et au Trident (Cherbourg).
Comment ?
www.lesangesauplafond.net
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Support et surface
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°709 du 1 février 2018, avec le titre suivant : Support et surface