Même si l’on restreint volontairement le patrimoine du XXe siècle de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur aux seules créations très contemporaines, celui-ci se retrouve un peu partout, de Nice à Marseille, d’Antibes à Avignon. Musées, commandes publiques, architectures reflètent les nouvelles tendances de l’art d’aujourd’hui.
Si, toutes disciplines et toutes époques confondues, la région PACA dispose d’un imposant parc muséal – on y recense plus d’une soixantaine d’institutions –, seuls deux musées sont pleinement consacrés à l’art contemporain, l’un à Nice, l’autre à Marseille. Dès les années 70, ces deux villes se sont donné les moyens de constituer une collection d’art contemporain digne de ce nom et de développer une programmation qui y fasse écho. Rien de surprenant que, par la suite, elles se soient dotées d’un bâtiment destiné à les accueillir et à poursuivre leurs activités.
Au pays du Nouveau Réalisme
Inauguré en juin 1990, le Musée d’Art moderne et d’art contemporain de Nice – communément appelé le MAMAC – constitue l’un des éléments de la Promenade des Arts, avec le théâtre et les terrasses, conçue par l’architecte Yves Bayard. Cantonné par quatre tours de marbre reliées entre elles par des galeries vitrées, il présente tous les aspects d’un arc tétrapode monumental. Les trois plateaux superposés modulables que comprend chaque pile permettent un jeu de présentation assez souple. Ordinairement, les deux étages supérieurs sont consacrés à la présentation de la collection, l’accent y étant mis sur les rapports entre le Nouveau Réalisme européen et l’expression américaine de l’art de l’assemblage et du Pop Art. Le premier étage est réservé aux expositions temporaires, comme celle de Noël Dolla (L’Œil n°500) que l’on peut voir en ce moment. Outre l’accueil, une librairie et une boutique, le rez-de-chaussée du musée compte une galerie expérimentale réservée aux jeunes artistes, dont Farid Belkaia est actuellement l’hôte dans le cadre du « Temps du Maroc ». Il ne faut surtout pas quitter le MAMAC sans être allé faire un tour sur la terrasse. Non seulement elle offre sur la ville un intéressant panorama, mais un Mur de feu d’Yves Klein y est installé, bel hommage à l’enfant du pays auquel les collections consacrent par ailleurs une salle entière.
Un musée dans un parking
Dès la fin des années 70, on pouvait prendre la mesure de l’intérêt de la ville de Marseille pour l’art contemporain. L’exposition « 3 villes, 3 collections... Grenoble... Marseille... Saint-Étienne... », présentée au Musée Cantini, en témoignait. Si ce dernier a longtemps servi de relais à la ville pour organiser la diffusion des nouvelles tendances artistiques, la vieille cité phocéenne possède depuis 1995 une entité propre, exclusivement consacrée à la création actuelle, le MAC Galeries contemporaines des Musées de Marseille. Créé de toutes pièces, installé dans un ancien parking, celui-ci y dispose d’un ensemble de salles claires et lumineuses, toutes établies sur le même niveau et qui se développent en ligne sur plusieurs rangées, contraignant quelque peu l’accrochage. Malgré cela, on y voit d’excellentes prestations qui alternent d’ambitieuses expositions thématiques – dont une, mémorable, fut consacrée en 1996 à « L’art au corps » – et des expositions monographiques ou collectives d’artistes plus ou moins confirmés, tels l’hommage à Richard Baquié en 1998 ou celui consacré cet été à Rosemarie Trockel. Régulièrement, les collections marseillaises font l’objet de présentations spécifiques, et l’occasion est alors donnée d’apprécier leur importance et leur éclectisme. L’exposition des « Nouvelles acquisitions et dépôts » , que l’on peut voir, toujours au MAC, jusqu’au 31 octobre, en est une vivante illustration.
Généreux Alaïa
Avec un Musée de la Mode implanté sur la Canebière même, Marseille compte une autre institution, plus spécialisée, il est vrai, mais tout aussi curieuse de création contemporaine. Surtout quand on sait les relations souvent très étroites que les artistes cherchent à développer de plus en plus d’une discipline à l’autre. Expositions monographiques, thématiques et photographiques sont au menu d’un programme où la mode est dans tous ses états. Tout comme elle l’est à travers la collection, significative de l’évolution des formes vestimentaires de 1945 à nos jours et que certains stylistes comme Azzedine Alaïa ont généreusement contribué à étoffer. En région PACA, l’art contemporain est encore le fait d’un certain nombre de « petits » musées qui lui consacrent volontiers, et de façon plus ou moins régulière, une partie de leur programmation. Il en est ainsi du magnifique Musée Picasso d’Antibes, jadis château Grimaldi, qui dresse sa masse fortifiée face à la mer et où le peintre passa l’été 1946, y réalisant notamment sa fameuse Joie de vivre. Venu de Saint-Étienne, Maurice Fréchuret qui le dirige aujourd’hui y développe avec un sens critique aigu un programme alternant modernité et contemporanéité. Hubert Duprat, Pierrick Sorin, Denis Castellas en ont été les hôtes ; cet été, « L’art médecine » réunit des œuvres d’artistes aussi divers que Matisse, Beuys, Sterbak, Gillick ou Guilleminot.
Passions géologiques
Station thermale réputée, la petite ville de Digne est une étape fort appréciée des touristes sur la route Napoléon. En cours de réfection, les vieux bâtiments de l’ancien hôpital qui abrite le musée recèlent toutes sortes de collections encyclopédiques, naturelles et scientifiques qui ont décidé la conservatrice du lieu, Nadine Gomez, à l’animer sur le terrain de l’art contemporain. Ainsi, tandis qu’Andy Goldsworthy y présente l’image photographique d’un cairn réalisé dans les environs, Tom Shannon y montre un miraculeux globe terrestre qui tient par la magie des forces magnétiques. Dans le quartier de Saint-Benoît, au Musée-promenade de la Réserve géologique de Haute-Provence, Georges Autard a conçu une installation intitulée L’Imaginaire géologique, mêlant objets fossiles et dessins.
Le Muséum des Hautes-Alpes
Seule institution publique du genre dans le département des Hautes-Alpes, le Musée de Gap, créé en 1907, est une sorte de Muséum central aux collections multiples, avec un fonds archéologique important. Christine Cordina, qui en a tout récemment repris la direction, a décidé elle aussi d’en orienter quelque peu la programmation en direction de l’art contemporain. Gérard Traquandi, avec tout un ensemble de peintures récentes, déclinaisons plus ou moins abstraites de motifs naturels, en est l’hôte cet été. Driss Sans Arcidet et son Musée Khombol, puis Erik Samakh le suivront à l’horizon 2000.
La Mecque du clic-clac
Si Arles ne possède pas de musée de la photographie, c’est qu’elle en est La Mecque, et que le grand pèlerinage annuel des RIP – entendez les Rencontres internationales de la Photographie – y pallie largement. Pas besoin donc d’en rajouter, d’autant que cette grande messe périodique se double depuis quelques années d’une programmation d’expositions et d’activités à l’année qui assurent à l’institution une permanence et un suivi. Voilà trente ans qu’Arles vit à l’heure de la photographie. Premier des grands rendez-vous du genre, fief privilégié d’une image clic-clac traditionnelle, elle a su toutefois s’adapter au considérable développement qu’a connu ce médium au cours des vingt dernières années. Elle a su en outre se donner les moyens d’un fonctionnement très structuré, l’organisation des Rencontres étant confiée chaque année à un commissaire spécialisé, à charge pour lui d’en définir la thématique et les différents actes. La toute récente nomination de Jacques Defert à la direction d’Arles augure du meilleur, notamment quant à l’ouverture en direction des pays de l’Est où celui-ci vient de passer plus d’une dizaine d’années.
Dans la foulée du Corbu
Si, en matière de patrimoine architectural contemporain, on ne peut pas dire que la région PACA compte de très nombreuses réalisations d’envergure, en revanche certaines font signe et témoignent d’une volonté de modernité – voire de post-modernité ? – telle que Le Corbusier a pu en être animé en son temps quand il a conçu la Cité radieuse de Marseille. Outre la construction du Musée d’Art moderne et contemporain de Nice et l’aménagement du MAC de Marseille, il convient encore de signaler différentes réalisations ou extensions muséales qui ont contribué à la transformation du paysage artistique architectural.
Minimalisme dans la Baie des Anges
Installé dans le quartier de l’Arénas, à l’ouest de Nice, le Musée départemental des Arts asiatiques que Kenzo Tange a construit en 1998 est sans aucun doute la dernière en date des œuvres architecturales remarquables que l’on peut voir en région. Son implantation quelque peu écartée du centre ville a pour but de dynamiser culturellement une zone géographique, la plaine du Var, qui devrait voir son urbanisation se développer au seuil du prochain millénaire. Le bâtiment de Tange est un vrai chef-d’œuvre d’architecture minimale, qui joue de formes géométriques simples : une base carrée surmontée d’un large tambour cylindrique d’où émerge une verrière pyramidale ; des formes pleines et robustes qui alternent avec des parois légères et transparentes. Les murs sont habillés de marbre blanc, l’ensemble se reflète dans les eaux du lac artificiel qui l’enchâsse. Si, vu de l’extérieur, il semble clos sur lui-même, les espaces intérieurs présentent en fait une grande fluidité, et le centre, clair et vide, donne sur quatre salles spacieuses respectivement consacrées à la Chine, au Japon, à l’Inde et au Cambodge. La muséographie, signée François Deslaugiers, conjugue collections anciennes et créations les plus modernes afin de faire valoir ce qu’il en est de la permanence des traditions en ces pays. Sobriété et sérénité asiatiques.
Luxe, calme et volupté
L’extension du Musée Matisse, réalisée par Jean-François Bodin, a été pensée pour en accueillir les fonctions les plus volumineuses : accueil, information, salles d’expositions temporaires et services complémentaires. Pour ce faire, l’architecte a conçu une construction enterrée sur deux niveaux qui préserve le cadre exceptionnel de la Villa des Arènes, implantée sur la colline de Cimiez. Minimalisme de l’architecture, simplicité des matériaux, luminosité des espaces sont les partis retenus par Bodin comme en écho à la trilogie « luxe, calme et volupté » si chère à Matisse. Les amateurs d’architecture minimale trouveront encore leur compte dans le petit bâtiment conçu tout spécialement par Gottfried Honegger et réalisé par Marc Barani à Mouans-Sartoux pour abriter la cellule Espace Art Recherche Imagination de l’Espace de l’Art concret. Installé en contrebas du château, ce petit trésor d’esthétique fonctionnelle est tout entier dévolu à l’action éducative. Les enfants y sont à leur aise pour y recevoir les rudiments d’un enseignement artistique dont le bâtiment lui-même est un des éléments moteurs. Le Musée de l’Arles antique, d’Henri Ciriani, compte parmi les réalisations importantes des années 80. Conçu sur le mode triangulaire, « une figure jamais tentée » aux dires mêmes de l’architecte, il présente une structure faite de trois corps de bâtiments qui « permet d’aller plus rapidement d’un point à l’autre » et détermine un vide au centre constituant une place. À l’extérieur, le choix qu’a fait Ciriani d’un revêtement bleu, en référence au ciel, « souligne le musée comme artefact et confère au projet une très grande abstraction ». De fait, rien ne laisse supposer qu’il s’agit là d’un musée archéologique.
Flexibilité et transparence
En matière d’architecture contemporaine, la région PACA présente encore deux autres spécimens tout à fait intéressants. Conçu comme un signal, un point de repère visuel dans un tissu d’habitat assez décousu et inorganique en lisière des quartiers nord de Marseille, l’Hôtel du département des Bouches-du-Rhône qu’a créé William Alsop est un vrai modèle d’architecture futuriste. Immense cité administrative, il abrite tant le siège de l’assemblée départementale que l’ensemble des directions du Conseil général. Flexibilité, mobilité et transparence sont les mots clefs qui résument le parti adopté par Alsop : jeu de barres, disposition en gradins, atrium central opérant comme un forum public propice aux échanges et aux rencontres, plan incliné enfin enveloppant le volume de l’espace délibératif. De l’extérieur, l’ouvrage d’Alsop impressionne par son aspect de vaisseau spatial, façon 2001, Odyssée de l’espace, et ne peut qu’inviter à vouloir y entrer. On en apprécie alors la fonctionnalité, le confort et la convivialité.
Anthracite sur bauxite
Bloc anthracite, le Stadium que Rudy Ricciotti a construit, entre autres dans la région, en 1994 à Vitrolles s’impose comme un acte de Land Art. Architecte engagé, très impliqué dans l’art contemporain, Ricciotti défend l’idée d’une architecture pour le plaisir. Son ouvrage n’en est pas moins un bel exemple de salle fonctionnelle, destinée tout à la fois à accueillir spectacles et activités omnisports. Fait d’une dalle de béton polie au quartz pour le revêtement au sol et de béton brut teinté de noir de fumée pour les murs, il est doté d’une capacité de 5 000 places et se développe sur une surface de 6 000 m2, selon un schéma quadrangulaire classique. Mais pour adoucir ce geste architectural brutaliste, Rudy Ricciotti a laissé la découpe du bâtiment dans le ciel volontairement irrégulière et, le soir, des pastilles de couleurs viennent animer les façades opaques. Une vraie réussite plastique.
De pouce en croix
La pratique de la commande publique connaît, on le sait, depuis le début des années 80 un regain de faveur considérable auprès des collectivités territoriales, qui trouvent en elle un excellent vecteur de communication. Celles-ci sont en effet de plus en plus nombreuses à demander aux artistes d’intervenir dans le tissu urbain afin que l’art contemporain aille vers les publics et non l’inverse. De Digne à Monaco, la région PACA recèle ainsi tout un ensemble d’œuvres qui sont plus ou moins repérées. Bien sûr, les familiers de la corniche à Marseille savent bien que l’immense hélice qui fait face à la mer n’est autre qu’une sculpture de César, et qu’il est aussi l’auteur du gigantesque Pouce installé sur le rond-point face au MAC. Mais combien savent, en revanche, que la ronde des flammes colorées qui sont accrochées au sommet d’un mât de cocagne en bordure de mer est une pièce de Buren ? À ceci près qu’elle est en cours de restauration et devrait reprendre sa place très bientôt. Au Prieuré Salagon, dans les Alpes de Haute-Provence, Aurélie Nemours a réalisé des vitraux à dominante rouge en parfaite harmonie avec le lieu. Quant à l’intervention de David Rabinowitch dans la cathédrale Notre-Dame-du-Bourg, à Digne, elle est éclatante quoique opérée sur un mode minimaliste. L’artiste y a réalisé l’ensemble des vitraux, déclinés en trois gammes de violet, vert et jaune, une tapisserie tissée de purs fils de soie, laine et or, et tout le mobilier liturgique. Sa passion pour l’art roman trouve ici l’occasion de s’exprimer dans sa plénitude et sa rigueur géométrique. À l’immatérialité de la lumière filtrée par les vitraux s’oppose la densité monumentale du mobilier. La réussite est totale. Comme le sont les Trois croix que l’on découvre à Roquebrune-sur-Argens. Véritable Golgotha moderne et universel, elles sont l’œuvre de Bernar Venet. Celui-ci s’est inspiré du thème iconographique tel qu’il a été traité par Giotto, Grünewald et Le Greco, une façon de syncrétisme artistique. Sur fond de ciel bleu, comme il l’est si souvent là-bas, les croix de Venet se dressent tout en hauteur, perchées sur un promontoire classé et occupant superbement l’espace. Tout aussi puissamment que son monumental Arc 115.5°, installé dans les jardins Albert Ier à Nice, ville-étape de ce parcours renfermant encore bien d’autres trésors d’art contemporain qu’il ne faut pas manquer d’aller voir. À commencer par l’antichambre du Palais préfectoral que Jean-Charles Blais a récemment transformé (L’Œil n°505). Sur le mode « Trois mots, trois couleurs » – liberté, égalité, fraternité/bleu, blanc rouge –, l’artiste est intervenu d’une manière à la fois suprématiste et matissienne, jouant d’aplats colorés, d’inscriptions gravées et de miroirs. Autre passage obligé, celui de la Villa Arson qui abrite une école des Beaux-Arts, créée dans les années 60 et un centre d’art contemporain depuis 1986. Modèle d’une architecture fonctionnaliste brute de décoffrage, aujourd’hui quelque peu désuète, on y trouve différentes commandes publiques : Nannucci y est à l’entrée, Morellet dans les arbres, Verjux dans le hall, Varini sur la terrasse et Siah Armajani dans le jardin. Fidèle à ses préoccupations, ce dernier y a conçu un ensemble mobilier en bois dont les éléments tiennent à une idée tant de sculpture que d’architecture, une façon pour les étudiants de vivre l’art au quotidien.
De la peinture à l’hôpital
À Nice, encore et toujours, le curieux d’art contemporain n’hésitera pas à se rendre à l’hôpital Pasteur pour y découvrir dans le service des consultations externes de neurologie, l’œuvre philanthropique qu’y a réalisée Gottfried Honegger. À la façon d’un art engagé qui va au devant de l’autre, celui-ci y a créé un environnement pictural de champs colorés du meilleur effet thérapeutique, selon le mode d’un art concret parfaitement intégré à l’architecture du lieu. D’un bâtiment à l’autre, le curieux se rendra ensuite à la Faculté de Médecine. Dans le hall d’entrée, Ben vient d’y placer un ensemble de plaques émaillées, frappées de mots, de textes et de citations incitant à la réflexion, une manière de tenir l’esprit des étudiants en éveil. Destinée à une population très différente, la fresque dont Keith Haring a décoré en son temps la maternité de l’hôpital de Monte-Carlo ne manquera pas, elle aussi, de surprendre notre curieux, auquel il est encore recommandé de marquer le pas sur le retour à la hauteur de Cannes, pour s’embarquer vers le Fort royal de l’île Sainte-Marguerite. Outre un site naturel et construit remarquable, il y découvrira la prison où fut enfermé le célèbre Masque de Fer et dans les geôles de laquelle Jean Le Gac a imaginé toutes sortes d’aventures peintes, photographiées et dessinées dont il a le secret. Sur un autre mode, davantage artisanal, le détour par Vallauris, véritable capitale de la céramique où Picasso aimait tant à venir travailler, s’impose. L’amateur découvrira ce qu’il en est des recherches les plus contemporaines en ce domaine. Depuis 1998, en effet, deux designers sont invités chaque année à venir créer des modèles qui font ensuite l’objet d’une exposition, d’une édition et d’une commercialisation. Après Olivier Gagnère et Martin Szekely, ce sont les étonnantes réalisations de François Bauchet et Roman Bouroullec que les estivants peuvent découvrir au Musée de la Céramique. Une façon d’exciter la curiosité des jeunes créateurs à la pratique d’un art méconnu et de maintenir vivante une tradition séculaire.
La commande publique contribue à faire en sorte de réduire au maximum l’écart entre l’art et la vie. C’est dans cette qualité que s’inscrira, à l’aube de l’an 2000, le projet de Michelangelo Pistoletto au Centre de recherche et de lutte contre le cancer à l’Institut Paoli-Calmettes de Marseille. À l’emplacement de la vieille chapelle, l’artiste de l’Arte Povera y a imaginé un « lieu de recueillement et de prière où la spiritualité de chacun peut s’exprimer ». Conçu comme un espace proprement œcuménique, dans le respect de la pluralité confessionnelle de l’homme, il témoignera, pour sûr, de ce que l’art contemporain est à même d’opérer comme vecteur de communication et de rassemblement.
De Carl Andre à Lawrence Weiner, de Cy Twombly à Nan Goldin, la collection rassemblée patiemment par le marchand parisien Yvon Lambert reflète bien la diversité de ses choix et de ses engagements esthétiques. Peintures, photographies, installations, il s’agit de près de 400 œuvres mises en dépôt. Promises un temps à Montpellier, elles vont trouver refuge en Avignon dans le bel hôtel de Caumont, autrefois occupé par l’université. Éric Mézil en dirigera l’activité en faisant alterner accrochage tournant du fonds et expositions temporaires. Son ouverture au public devrait coïncider avec l’inauguration de l’exposition sur la beauté montée par Jean de Loisy dans le cadre d’« Avignon, capitale européenne de l’an 2000 ».
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Abonnez-vous dès 1 €« Ils collectionnent », tel était le titre d’une exposition signée par Germain Viatte en 1985 au Musée Cantini à Marseille qui rassemblait un ensemble d’œuvres d’art issues de collections privées comme celle de Jean Alvarez de Toledo. À l’ouverture du Musée d’Art contemporain de Marseille en 1994, nouvelle présentation signée Bernard Blistène et Philippe Vergne mais d’art encore plus actuel et en mains privées. On y voyait des œuvres appartenant à Rudi Ricciotti, Marc Sollet ou Marc et Josée Gensollen qui ont d’ailleurs laissé en dépôt au MAC une installation de Dan Graham. À un moment où le marché de l’art connaissait des pics d’intérêt particulièrement élevés, l’objectif d’une telle manifestation était de faire valoir ce qu’il en était de l’importance du regard privé sur la création en train de se faire. À ce propos, il faut rappeler que, de Marseille à Nice, la région PACA dispose depuis plusieurs décennies d’un réseau de galeries privées qui est le premier de province.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°508 du 1 juillet 1999, avec le titre suivant : Sous le soleil exactement...