Dans le vaste atelier aux allures de showroom de Robin Kid, près de Rambouillet, la voix de Jim Morrison retentit et habite l’espace.
Sur une table sont disposés, à côté d’une maquette de sa première exposition à la Galerie Templon, des catalogues d’exposition de Damien Hirst, Paul McCarthy, Jordan Wolfson, John Currin, Andreas Gursky ou Robert Mapplethorpe, mais également de Caravage et des bandes dessinées Marvel. De l’ambiance aux références, en passant par son look de skateur californien, Robin Kid (né en 1991, vit et travaille entre Paris et Amsterdam) ne laisse rien au hasard. Pour celui qui se définit comme un « artiste multimédia néo-pop », la culture populaire, d’hier et d’aujourd’hui, est une source d’inspiration inépuisable
Dans ses tableaux monumentaux, il hybride de nombreuses imageries, populaire culturelle, politique, sociale, publicitaire ou inspirée de ses souvenirs d’enfance passée dans une ville minière des Pays-Bas. Ainsi se côtoient et se superposent, dans ses œuvres dont l’esthétique rappelle autant LaChapelle que Kienholz, des figures de cow-boys ou de scouts, des images de guerre, des personnages Disney, des pavillons de banlieue… Pour créer ces tableaux qui peuvent être lus comme des « poèmes » ou des rébus, il imprime des images, les colle, les coupe, les superpose, jusqu’à trouver une composition qui le satisfasse et qu’il transpose ensuite en peinture.
« En prenant le Zeitgeist d’aujourd’hui et en le fracassant sous forme de peintures murales, de sculptures et d’installations défragmentées, j’essaie de capturer le désespoir et la répulsion de ma jeune génération et de donner un coup de batte de baseball à tout le reste. » Volontairement provocateur, l’artiste autodidacte qui « déteste l’autorité » et qui a quitté l’école à l’âge de 14 ans pour partir vivre aux États-Unis, entend donner à voir dans ses compositions, aussi critiques que mélancoliques, les ambiguïtés de notre société contemporaine. Chaque tableau reflète un sujet auquel il est confronté, par la télévision ou les réseaux sociaux – les manifestations Black Lives Matter ou la cancel culture par exemple. Robin Kid déteste les réseaux sociaux, qu’il considère comme « une perversion des principes de base de la démocratie – le débat, l’échange et l’écoute de l’autre ». Il affirme que « maintenant, tout le monde croit détenir la vérité absolue et on te dit “Tout est de ta faute” ». C’est ainsi, « It’s All Your Fault », qu’il a nommé son exposition, car toute notre société, dans le sillage de la pensée christique, est selon lui basée sur la question « De qui est-ce la faute ? ». À la Galerie Templon, comme dans chacun de ses projets, toutes les œuvres sont liées et se répondent pour former un récit global. Derrière l’envie de mettre en scène un chaos, se cache en réalité un perfectionnisme et une volonté de contrôler lui-même (control freak) toutes les étapes de ses projets, jusqu’au catalogue d’exposition.
Robin Kid expérimente et se renouvelle sans cesse. Si « It’s All Your Fault » rassemble presque exclusivement des peintures monumentales, son prochain projet sera complètement différent. Il souhaite accentuer la dimension narrative, pour attirer les visiteurs, les « prendre en otage » et proposer une expérience totale. Quant à la réception de son œuvre, Robin Kid affirme, provocateur : « Je m’en fiche de ce que les gens en pensent, soit ils aiment, soit ils détestent, du moment qu’ils n’y sont pas indifférents. »
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Robin Kid
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°746 du 1 septembre 2021, avec le titre suivant : Robin Kid