Jean-François Spricigo s’exprime aussi à travers l’écriture, la réalisation et la mise en scène.
À l’infini nous rassembler est une création conçue de façon organique, sans linéarité, matérialisant le fil fragmentaire de la pensée de l’artiste autour de quatre thèmes incarnés sur scène aux côtés de la comédienne Anna Mouglalis : la relation entre masculin et féminin, le monde de l’enfant et celui de l’adulte, le loup qui incarne l’animalité sauvage et le chien son pendant civilisé et, enfin, la danse et ses multiples significations. À l’infini nous rassembler fait surgir l’unité qui précède naturellement ces dualités, dont l’évidence s’efface au profit de la pureté radicale de ce qui relie avant de diviser. Les improvisations animales du chorégraphe Josef Nadj, la voix d’Anna Mouglalis et sa présence magnétique, la puissance poétique des dessins en temps réel de Nicolas Crombez et les variations sonores de Fabrice Naud entrent en correspondance avec les photographies et les textes de Jean-François Spricigo, qui rend aussi un hommage au réalisateur italien Silvano Agosti. Dans la continuité de son travail photographique en noir et blanc (ombres, flous, superpositions et jeux de transparences), sa mise en scène a été structurée de façon visuelle : « Un jour, j’ai posé les feuilles de mes textes bout à bout au sol et j’ai trouvé cela trop dense. J’ai alors enlevé des passages pour équilibrer le rythme, créant des espaces visuels de silence », explique-t-il. La temporalité est aussi une composante forte : l’ombre de la comédienne, projetée en direct, incarne le présent et le vivant, tandis que l’image statique des photographies qui occupent l’autre partie de la surface de projection renvoie au passé. Les séquences filmées s’entremêlent aux captations en temps réel et les silhouettes se confondent, présences tantôt palpables, fictives, anonymes ou familières. Les échos successifs entre mots et images mis en scène par Jean-François Spricigo laissent peu à peu affleurer à la surface des eaux profondes et mystérieuses de l’existence la poésie qui relie deux êtres enlacés par la vie.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Quête d’unité
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°717 du 1 novembre 2018, avec le titre suivant : Quête d’unité