Pierre Mabille - Peintre

À son ouverture le 16 janvier à la Galerie Jean Fournier, « Variété » a surpris les connaisseurs de l’œuvre de Pierre Mabille, pour ne pas dire décontenancé. Ambassadeur de l’abstraction et de la couleur qu’il enseigne aujourd’hui aux Arts déco, le peintre y présente une série de lavis en noir et blanc très… illustratifs : des vues de jardin, de terrasses de café ou des scènes de rue, que plusieurs mois de confinement pourraient faire passer pour nostalgiques. Que nenni ! « Ces images ont été dessinées à l’atelier, sans programme initial, entre l’été 2019 et l’été 2020 », explique Pierre Mabille. Il s’agit parfois de « croquis-souvenirs » : ici le cimetière vu depuis la fenêtre de son atelier à Montreuil, là le jardin aux lapins de son grand-père. D’autres fois, les vues sont plus légères, à l’instar des trois garçons urinant (Pause dans un jardin zen). Ce qui lui est passé par la tête ? « Je ne suis pas un peintre radical », glisse l’artiste qui admet avoir voulu se mesurer à sa propre « non-virtuosité », tout en rendant un hommage à la feinte tranquillité de Bonnard comme aux encres de Victor Hugo. D’ailleurs, si l’on regarde bien, chaque saynète contient la forme oblongue dont il fait le motif de sa peinture depuis 1997 : un œil, un cendrier, un nuage, une feuille… En fait, Lavis, série de 60 encres, appartient même à son Antidictionnaire, répertoire tant iconographique que poétique de ladite forme. Bref, Pierre Mabille s’amuse à brouiller les pistes en rendant ses dessins narratifs si abstraits que sa peinture abstraite en devient presque figurative…