C’est l’antithèse parfaite de la silhouette oblongue et racée. Point de courbes sensuelles, encore moins de toit rétractable dans le coffre façon cabriolet. Non, cette automobile est un simple parallélépipède sur roues comme savent les faire les constructeurs nippons depuis près de deux décennies, du vétéran Wagon R (Suzuki) au juvénile Tanto (Daihatsu).
De profil, on dirait franchement un dessin d’enfant : un gros cube avec des petites roues dans les coins. Cette voiture est pourtant l’œuvre des pointures du centre de design intégré de Nissan. Baptisée justement Cube, elle fait, paraît-il, fureur au pays du Soleil levant depuis son lancement en 1998. La version qui débarque aujourd’hui sur le vieux continent est la troisième du nom, les deux premières générations ayant été réservées exclusivement au marché japonais. Exhibée pour la première fois en Europe en mars dernier, lors du Salon de l’auto de Genève, elle devrait arriver chez les concessionnaires français d’ici à janvier 2010.
Le Nissan Cube (1) est intrigant à souhait. À commencer par sa forme : un capot extrêmement court, de larges phares, une grille de calandre qui vient les souligner, une carrosserie compacte et un arrière tassé, une apparence qui, selon Pierre Loing, vice-président produit, stratégie et planning de Nissan Europe, le font ressembler à… « un bouledogue en lunettes de soleil » (sic !). On ne sait si cet argument sera vendeur, reste que, sous ses allures de « molosse incognito » donc, le Cube recèle d’autres atouts. Ainsi, au rayon parallélépipède sur roues, on sait les Japonais des as de l’empattement – distance entre l’essieu avant et l’essieu arrière – maximum. C’est le cas à nouveau avec cet engin. D’une longueur de 3,98 m, il offre un empattement de 2,53 m. Cette dimension, incroyablement longue aux dires des spécialistes, ajoutée à une largeur de 1,69 m et une hauteur de 1,68 m, génère intérieurement un habitacle des plus spacieux pouvant loger cinq personnes. Selon Nissan, le concept est celui d’un moving living room, autrement dit, d’un salon mobile. On doit pouvoir s’y sentir bien comme chez soi. Exemple : la banquette arrière est, comme au théâtre, placée plus haut que les sièges avant, maximisant ainsi le confort visuel des passagers arrière. Si l’aspect extérieur du véhicule est à l’équerre, l’aménagement intérieur, en revanche, s’est laissé aller à la courbe, voire au style fuselé, dit goutte d’eau – porte-gobelet, commande de climatisation… On y trouve même, comme à la maison, des « espaces de rangements ». Enfin, pour prolonger sans doute la métaphore sur l’univers domestique : le hayon arrière s’ouvre, lui, latéralement « comme la porte d’un réfrigérateur ».
Autre originalité du Cube : sa surface vitrée, très importante. À l’avant, les montants de pare-brise, placés loin à l’extérieur et relativement droits, permettent une visibilité dégagée. De son côté, la vitre latérale arrière crée une visibilité de trois-quarts accrue, sensée faciliter changements de voies et manœuvres de stationnement. « Cette fenêtre arrière, courant depuis l’aile jusqu’au hayon, est la signature du Cube », estime Pierre Loing. C’est en tout cas, à n’en point douter, l’un des points singuliers de cette curieuse voiture : ce jeu sur l’asymétrie est, en effet, aujourd’hui encore bien trop inhabituel chez les constructeurs. On ne sait, pour l’heure, si cet esprit anticonformiste sera ou non couronné de succès. Reste qu’il a le mérite de donner un coup de patte dans cette fourmilière uniformisante qu’est le paysage automobile actuel.
(1) À l’heure où nous mettons sous presse, Nissan n’avait pas encore fixé le prix définitif du Cube en France. Selon toute vraisemblance, le modèle de base devrait se situer autour des 10 000 euros. Renseignements : www.nissan.fr/#vehicles/city-cars/cube
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Période cubiste
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°313 du 13 novembre 2009, avec le titre suivant : Période cubiste