De Gonzalo Borondo, on connaissait les œuvres murales à l’expressionnisme virtuose. Dans l’espace chaotique des puces de Marseille, le street artist espagnol déborde très largement, et pour le meilleur, son champ d’expression habituel.
À l’invitation de Gaël Lefeuvre, maître d’œuvre de la Tour Paris 13, et de la Galerie Saint Laurent, il investit le hall des antiquaires avec la complicité de huit artistes (dont Carmen Main, Edoardo Tresoldi et Isaac Cordal), et y trace un ambitieux parcours jalonné de peintures, de sculptures, de projections et d’installations in situ. Distribué sur une vingtaine de stands et au premier étage (où Borondo signe une impressionnante anamorphose), l’ensemble offre un très beau jeu d’ombres et de lumière, aux confins du street art, de l’art brut et de l’art numérique.
À l’origine de l’exposition, une somme d’objets, de meubles, de vidéos super 8, de vieilles photographies, le tout patiemment collecté par Borondo dans le fatras des puces. De même que notre univers se compose en grande partie d’une matière noire invisible et inconnue, de même ces trésors du passé recèlent une charge temporelle, affective et symbolique dont le chineur ne peut que percevoir l’écho. Tout l’enjeu de l’exposition consiste à restituer leur épaisseur, à leur redonner la mémoire.
Déclinée en trois actes, cette quête de l’invisible déroule successivement les « projections », les « perceptions » et « interprétations » de l’artiste au gré d’une série d’écrans, de trompe-l’œil, d’illusions d’optique et de mises en abymes. En déployant ces fantômes et ces ombres dans l’espace, Borondo et ses complices disent ainsi la part du faux-semblant, mais aussi de l’imagination, dans notre rapport au monde - et suggèrent au passage que dans l’intervalle entre le réel et sa compréhension, se tiennent l’art et la poésie.
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Ombres et lumières de la matière noire
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°708 du 1 janvier 2018, avec le titre suivant : Ombres et lumières de la matière noire