PARIS
Il règne en maître dans un musée, une bibliothèque ou une église : qui est-il ? Le silence.
Si certains parcourent ces lieux calmes sans un bruit, d’autres s’autorisent quelques commentaires à voix très basse, mais rien ne doit perturber la tranquillité de l’esprit lorsque chemine le regard ou la pensée. Et pourtant, les corps sculptés d’Antoine Bourdelle resteront-ils de marbre face aux déhanchés frénétiques des visiteurs portés par la musique électro de Yuksek qui prend possession du musée éponyme à l’occasion de la troisième édition du Festival Paris Music ? Le triptyque de Keith Haring La Vie du Christ (1990) changera-t-il de reflets dans l’église Saint-Eustache baignée par la pop aérienne de Lavinia Meijer et Maud Geffray ? Autres résonances, plus intimistes, dans l’atelier du Musée Delacroix où les douces mélodies portées par la voix feutrée de JP Nataf font écho aux nuances lumineuses de L’Éducation de la Vierge (1842) qu’Eugène Delacroix, lui-même mélomane, peignit chez George Sand en présence de Frédéric Chopin.
Le musée, la bibliothèque ou l’église ne sont pas une salle de concert comme les autres pour Marcelle Galinari, organisatrice du festival : « Chaque événement relève d’un choix artistique “sur mesure” en fonction du lieu, mais aussi de ses contraintes techniques – sonorisé ou non –, qui sollicitent ainsi la créativité des musiciens afin de s’adapter aux œuvres présentes. » Une attention que partage la directrice du Musée Delacroix Dominique de Font-Réaulx, qui explique que la musique jouée au présent parvient à révéler la dimension contemporaine de ces œuvres du passé qui ont tant de choses à nous dire aujourd’hui.
Le musicien et peintre anglais Piers Faccini, parrain de cette édition, présente une carte blanche dans les murs de l’hôtel de Lauzun. Il y voit une juxtaposition intéressante de sensibilités, car, tandis que les spectateurs écoutent la musique, ils peuvent regarder les œuvres autrement. Cet affranchissement des codes de perception traditionnels que propose le Festival Paris Music amplifie les potentiels esthétiques propres à chaque mode de création et crée les conditions d’un dialogue fertile à saisir dans l’instant.
Quoi ? Festival Paris Music
Où ? Musée Eugène Delacroix, Petit Palais, hôtel de Lauzun, crypte archéologique de l’île de la Cité, cathédrale américaine, Musée Bourdelle, Centre culturel irlandais, bibliothèque historique de Paris, Musée de l’immigration, Musée Guimet, église Saint-Eustache, etc.
Quand ? Les 15, 16 et 17 mars 2018
Comment ? www.paris-music.com
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Music ex situ
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°710 du 1 mars 2018, avec le titre suivant : Music ex situ