Que de chemin parcouru pour la jeune plasticienne Marion Verboom entre sa sortie en 2009 des Beaux-Arts de Paris et sa participation, en décembre prochain dans cette même institution, à l’exposition chorale « Infinite Sculptures », où elle montrera des sculptures totémiques monumentales caractéristiques de sa production hybride explorant l’évolution des formes via l’étude de la géologie et l’histoire de la sculpture et de l’architecture.
Durant ces dix années, cette sculptrice énergique, au tempérament curieux, représentée actuellement par la Galerie Jérôme Poggi (Paris) et The Pill Gallery (Istanbul), s’est fait un nom en montrant son travail des Sables-d’Olonne à Rennes (2018), en passant par Amilly et Sète.
Telle une archéologue ou une « chasseuse d’artefacts », comme elle se définit elle-même, Marion s’invente, en exerçant une pensée en archipel, un musée constitué d’emprunts, de citations et de réinventions qui rompent avec l’ordre de l’histoire et les géographies traditionnellement linéaires. Dans le large spectre de sa pratique polymorphe, qui va de la réalisation d’aquarelles délicatement évanescentes à l’expérimentation chimique sur de simples morceaux de plâtre, le plus étonnant reste ses groupes de colonnes s’apparentant à des éléments stratigraphiques monolithiques, créés à partir de moulages empilés les uns sur les autres, s’inspirant de fragments d’ornements architecturaux comme les mégalithes préhistoriques, les pyramides égyptiennes, les cathédrales gothiques ou les temples incas. À la Fondation Cartier, au sein de l’actuelle manifestation « Jeunes artistes en Europe », cela donne une œuvre rébus, au parfum de cadavre exquis, qui télescope avec gourmandise les civilisations perçues sans hiérarchie ni chronologie afin d’exprimer, d’une manière syncrétique, le monde bigarré dans lequel nous vivons. « Un axe m’intéresse tout particulièrement dans sa démarche généreuse, note Gaëlle Rageot, directrice du Musée de l’abbaye Sainte-Croix qui, dès 2015, dévoilait ses totems polychromes dans la cour couverte du cloître : c’est ce dialogue permanent entre l’ancien et le moderne. » Cela participe de cette dynamique des associations, dans l’hybridation des cultures et dans la modularité des propositions inspirée des minimalistes américains, comme dans l’utilisation des matériaux les plus divers : acétate, résine époxy, plâtre teint, céramique, pigments, poudre de fonte, stuc, acier, carton, papyrus, mortier, Inox, raphia… Au final, de mystérieuses strates esthétiques s’offrent au spectateur, dont l’art de l’oxymore, mêlant malicieusement pesanteur et légèreté, froideur et chaleur, matité et brillance, opacité et transparence, abstraction et figuration, ne cesse de nous captiver.
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Marion Verboom
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°723 du 1 mai 2019, avec le titre suivant : Marion Verboom