Depuis une douzaine d’années, Yves Pagès note sur un carnet les aphorismes urbains qu’il croise au hasard des rues et de ses navigations sur le Net.
À l’approche du cinquantième anniversaire de Mai 1968, sa collecte fait l’objet d’un recueil foisonnant qui compile selon un ordre chronologique slogans politiques, propos intimes, adages philosophiques, calembours, notations potaches ou absurdes et même, à l’occasion, textes de street artists, à l’exclusion des tags. Datés et localisés, les quatre mille graffitis recueillis par l’auteur offrent un écho souterrain, distancié et souvent ironique aux événements qui ont jalonné l’histoire récente, jusqu’aux slogans qui ont fleuri l’an dernier en marge des manifestations contre la Loi travail. S’ils disent en filigrane la continuité des révoltes et la permanence du besoin d’expression, le hasard de leur ordonnancement sur la page inscrit aussi ces propos anonymes dans une lignée artistique : celle des cadavres exquis surréalistes. À l’instar de Graffitivre, dont il s’avoue d’ailleurs proche, l’ouvrage se savoure ainsi comme un hommage à l’inventivité des « mots merdeux » et offre un contrepoint jouissif à l’esprit de sérieux qui leste parfois le street art.
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Les murs ont la parole
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°708 du 1 janvier 2018, avec le titre suivant : Les murs ont la parole