Île de Porquerolles - C’est une fondation qui porte bien son nom, car elle est en grande majorité construite sous terre, dans les fondements d’un mas provençal aux toits de tuiles vernissées.
Plantée sur les 16,2 hectares du domaine de la Courtade, sur l’île de Porquerolles, dans le Var, la Fondation Carmignac, qui ouvre le 2 juin, est donc, de prime abord, complètement invisible. Normal : sur ce site classé au cœur d’un parc national, il est, de fait, interdit de créer une nouvelle emprise au sol.
D’où ce déploiement en souterrain. Bien qu’imperceptible, ce projet a pourtant connu un soubresaut bien visible, un changement d’architecte en cours de route. Loué pour son style épuré, le Niçois Marc Barani, choisi à l’origine et dénommé « architecte-concepteur » sur le panneau de chantier, a entièrement imaginé le lieu, mais, pour cause de « divergences de vues » – comme on dit diplomatiquement –, a claqué la porte. L’agence GMAA, dite « maître d’œuvre », a ensuite été désignée en vue de « l’adaptation et du prolongement » dudit dessin originel. Résultat : une surface de 3 357 m2, dont 2 000 consacrés aux expositions. Coût des travaux : top secret – « Quelques dizaines de millions d’euros », dixit Charles Carmignac, directeur de la fondation.Une fois franchie la porte d’accès au site, il faut encore parcourir un court sentier avant de découvrir les prémices de ce nouveau lieu d’art contemporain : un long mur de pierres jointes qui grimpe, à main droite et en pente douce, jusqu’à une monumentale sculpture de l’artiste espagnol Miquel Barceló inspirée de l’Alycastre, légendaire dragon de l’île. L’entrée s’effectue par le premier corps de bâtiment, à gauche, lequel héberge l’accueil et la librairie. De vastes fenêtres oblongues offrent les premières vues sur le parc de sculptures et, en arrière-plan, sur la mer. Un escalier mène le visiteur au sous-sol où les espaces d’exposition s’organisent selon un plan en forme de croix latine. Il y est accueilli par une impressionnante œuvre signée Bruce Nauman intitulée One Hundred Fish Fountain, soit une centaine de poissons de bronze crachant de l’eau. En regard, une longue fenêtre horizontale met en scène le paysage alentour, constitué du nouveau jardin élaboré par le paysagiste Louis Benech ou de vignes, avec, en toile de fond, la forêt de chênes verts. Dans la vaste salle en croix, des cloisons épaisses et mobiles autorisent différentes configurations. Au centre, l’espace est agréablement baigné de lumière naturelle grâce à un étonnant plafond d’eau en plastique transparent (PMMA) qui, au rez-de-chaussée, fait office de bassin à débordement. Originalité : la visite s’effectue pieds nus – un rituel initié il y a une quinzaine d’années par le Chichu Art Museum, sur l’île de Naoshima (Japon) –, sur un sol en grès des Indes, après avoir siroté « une boisson conçue à base de plantes ». Bref, tongs ensablées proscrites.
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Les fondements d’une fondation
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°713 du 1 juin 2018, avec le titre suivant : Les fondements d’une fondation