AMIENS
Le Frac rejoindra en 2026 le festival de la bande dessinée d’Amiens et un département de l’école d’art dans un bâtiment en cours de requalification.
Amiens (Somme). La capitale de la Picardie, qui avait jusqu’à récemment concentré ses efforts en matière de politique culturelle sur le spectacle vivant et les arts de la rue, entend désormais se doter d’un pôle consacré à la bande dessinée et à l’image animée. Cette « plateforme des images et de la création » verra le jour près de la gare, dans l’ancien Tri postal, où elle réunira le festival « Les Rendez-Vous de la Bande Dessinée d’Amiens » (*), le département d’art numérique de l’Ésad – l’École supérieure d’art et de design d’Amiens – et le Fonds régional d’art contemporain de Picardie (Frac Picardie). Le lancement du chantier de reconversion du bâtiment de 10 000 m2, confié à l’architecte Alexandre Chemetoff, est programmé pour ce printemps.
C’est un projet important pour la métropole d’Amiens, et un changement d’échelle pour le Frac. Installé depuis plus de 40 ans dans un ancien couvent dont il partage les murs avec l’orchestre régional de Picardie et l’Agence régionale de santé, le Frac Picardie dispose d’une exceptionnelle collection d’art graphique. « C’est certainement la collection publique de dessins la plus importante en Europe, affirme Pascal Neveux, à sa tête depuis 2021. Nous avons quelques trésors, de Marlène Dumas à William Kentridge en passant par Cy Twombly, Giuseppe Penone, Vera Molnár, Pierrette Bloch… »
Ce fonds considérable a été un élément moteur du projet de relocalisation du Frac, dont l’enjeu ne se mesure pas seulement en mètres carrés. « Avec cet emménagement dans l’ancien Tri postal, nous allons faire un pas de côté par rapport à l’ensemble des Frac, explique Pascal Neveux, en installant la collection dans un espace singulier, qui au rythme de deux à trois accrochages par an, va permettre de la rendre visible de façon permanente. Parallèlement, et de façon plus classique, nous mettrons en place une programmation temporaire. »
Le Frac s’est également rapproché de la société audiovisuelle Miyu Productions, spécialisée en animation, avec laquelle il a noué un partenariat afin d’ouvrir deux résidences d’artistes. L’idée étant de permettre à des plasticiens de produire leurs premiers films qui seront achetés par le Frac afin de nourrir un nouveau corpus valorisant les technologies appliquées à l’art graphique au sein de la collection. Pascal Neveux est enthousiasmé par ce projet autour des « Écritures dessinées » associant des structures publiques et privées, qui marque aussi une évolution propre à certains Frac dits de « troisième génération ». « Nous allons réserver le “rooftop” du bâtiment aux Industries créatives et culturelles. Avec le festival Les Rendez-Vous de la Bande Dessinée d’Amiens et l’Ésad, c’est toute une filière d’excellence qui va s’incarner à travers ce lieu », affirme-t-il.
L’exemple du pôle constitué dans la métropole de Lille autour de l’image (avec Pictanovo, la Plaine image, le Fresnoy-Studio National d’art contemporain, le festival Séries mania…) fait des émules. D’autant que le territoire picard, marqué par une forte ruralité, pourrait connaître des mutations significatives avec l’arrivée annoncée du TGV en 2025 à Amiens, puis avec la liaison ferroviaire qui placera la ville à une heure de Roissy, tout en la connectant au réseau TGV vers Lyon, Marseille et Strasbourg.
La Bibliothèque nationale de France s’est déjà prononcée en faveur du projet porté par Amiens Métropole (soutenu par la Ville, le Département de la Somme et la Région Hauts-de-France) pour construire le futur ensemble regroupant le Conservatoire national de la presse et le centre de conservation de ses collections. Cette métamorphose du territoire et la proximité d’Amiens avec Paris ne seront sans doute pas sans impact, à terme, sur le prix du foncier. Mais celui-ci, encore très attractif, inciterait même des galeries à y ouvrir des succursales. En attendant, l’inauguration du site de l’ancien Tri postal, en plein centre-ville d’Amiens, est prévue à l’été 2026.
(*) Contrairement à ce que nous avons écrit dans le JdA 628, « On a marché sur la bulle » n'est pas le nom du festival mais celui de son organisateur.
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Le Frac Picardie, futur centre d’un pôle d’arts visuels
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°628 du 1 mars 2024, avec le titre suivant : Le Frac Picardie, futur centre d’un pôle d’arts visuels