HELSINKI / FINLANDE
Dans le cadre de « Helsinki, Capitale mondiale du design », le Musée du design montre comment les créateurs tentent de répondre aux problèmes liés aux catastrophes naturelles ou aux conflits internationaux.
HELSINKI - Sacrée cette année « Capitale mondiale du design » (lire le JdA no 363, 17 fév. 2012, p. 14), Helsinki a tenu à marquer le coup d’emblée, au Musée du design, à travers une vaste exposition intitulée « Designworld/Designing the New World », qui balaie tous les secteurs contemporains de la discipline. Comment le design va-t-il répondre aux défis et aux besoins d’un monde qui change ? Comment les principes du design peuvent-ils être utilisés pour cerner les problèmes de la société ou améliorer le bien-être et la qualité de vie des individus ? En réponse, « «Designworld» évoque de nouvelles manières d’user du design, et ce, dans diverses parties du monde, explique Jukka Savolainen, directeur adjoint du Musée du design d’Helsinki et commissaire de l’exposition. Le design, s’il ne sert pas nécessairement à résoudre les problèmes, contribue en tout cas à faciliter leur identification et leur compréhension. Le cas échéant, il peut permettre de trouver des solutions très personnalisées et rendre ainsi la vie quotidienne un tant soit peu plus confortable ».
L’exposition explore donc tous azimuts, jusqu’aux réflexions issues du « design critique », et offre moult perspectives singulières : société, écologie, responsabilité, nouvelles technologies, nouveaux matériaux… Transporter de l’eau potable représente l’un des problèmes majeurs des pays arides. Pour éviter aux populations de porter durant des kilomètres des bidons sur leurs épaules, le Sud-Africain Piet Hendrikse a dessiné le bidon Q-Drum en mixant deux fonctions : rouler et se déplacer. Celui-ci prend la forme d’un rouleau que l’on déplace à même le sol, judicieux procédé qui, s’il ne réduit pas les distances, facilite grandement le transport de l’eau. Le rayon « Santé » est un formidable champ d’investigation pour les designers. En témoignent ces prothèses « stylisées » pour handicapés ou ce « col de protection » pour cycliste, conçu à partir des fameux Airbags en vigueur dans l’industrie automobile. Le col se gonfle instantanément au moindre choc et enveloppe entièrement la tête avant la chute.
Figurent aussi aux avant-postes de la recherche prospective les laboratoires des universités. D’où la présence de projets issus du Massachusetts Institute of Technology (Cambridge, Massachusetts) et de la Stanford University (Californie), de la Tongji University (Chine) ou du tandem École polytechnique fédérale/École cantonale d’art de Lausanne (Suisse). Ce dernier dévoile un travail réalisé à partir d’un étonnant « bois densifié », obtenu par compression du matériau à l’intérieur d’une puissante presse. La densité d’un sapin, par exemple, peut être foncièrement augmentée jusqu’à atteindre celle d’un bois dur d’une forêt tropicale. Sont ici montrés trois premiers prototypes : un casque audio par le duo français Normal Studio ; une poignée de porte par le trio franco-helvéto-belge Big Game ; et des couvercles de boîtes par la Française Lea Longis, en solo.
Des abris en nombre
Toujours avec le matériau « bois », mais cette fois à l’échelle de l’architecture, la Aalto University School of Arts and Design d’Helsinki propose un abri d’urgence pour les zones de crise, baptisé Liina Transitionnal Shelter. On se souvient des fameuses Paper Log Houses, ces maisons en tube de carton de l’architecte japonais Shigeru Ban édifiées pour les victimes des tremblements de terre. Les étudiants de la Aalto University ont regardé, eux, du côté des poids lourds et adopté leur système de bâches et d’attaches en caoutchouc pour créer une habitation en panneaux de contreplaqué qui se monte en six heures seulement, sans outils ni électricité. Autre « nid » un brin plus douillet : le Cozy Shelter du Néerlandais Lambert Kamps est un drôle d’igloo constitué d’immenses « boudins » de laine maintenus entre eux grâce à des sangles en plastique. Le visiteur ne pourra que s’étonner du nombre d’abris ici déployés. Le monde de demain serait-il à ce point incertain ? Sans doute. À preuve : ce projet qui résonne cruellement avec l’actualité, imaginé par l’Afghan Massoud Hassani et intitulé « Mine Kafon ». On dirait un magnifique oursin géant. La beauté de l’objet est pourtant inversement proportionnelle à sa fonction. Il s’agit, en réalité, d’un prototype de détecteur de mines, constitué d’une multitude de pics de bambou. Le principe est simple : une fois déposée sur le terrain à investiguer, cette « boule de piquants » se déplace au gré des vents. Son déplacement, analysé à l’aide d’un GPS, permet de retranscrire avec minutie les zones dépourvues de mines, jusqu’au moment du choc fatal avec l’une d’elles. Le design est aussi parfois une question de survie.
Commissaire de l’exposition : Jukka Savolainen, directeur adjoint du Musée du design d’Helsinki
Jusqu’au 6 mai, Designmuseet, Korkeavuorenkatu 23, Helsinki (Finlande), tlj sauf lundi 11h-18h, mardi jusqu’à 20h, www.designmuseum.fi
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Le design de demain
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°365 du 16 mars 2012, avec le titre suivant : Le design de demain