Le Centre culturel canadien invite à la découverte des réseaux de l’art conceptuel sur son territoire.
PARIS - Connaissez-vous Mr. Peanut, ce personnage affublé d’un costume de cacahuète, qui s’était lancé en 1974 dans une campagne électorale au Canada ? On le voit là dans un film drôlissime, faire irruption dans une émission politique des plus sérieuses (Off the Air Coverage of the Peanut Campaign). De son vrai nom Vincent Trasov, cet artiste était l’un des membres fondateurs du collectif Image Bank basé à Vancouver, spécialisé dans l’art vidéo et sa diffusion. Mister Peanut faisait d’ailleurs la une du premier numéro de FILE Megazine, la revue lancée à Toronto en 1972 par un autre collectif, General Idea, pensée elle aussi comme un outil aisé de diffusion des formes d’art les plus expérimentales à l’œuvre dans le pays – dont le mail art –, rarement dénuées d’humour.
Diverses pratiques de l’art
C’est une histoire de réseaux dans un pays immense autant que d’idées que dévoile le Centre culturel canadien, à Paris. Leur circulation y a toujours revêtu une grande importance, particulièrement à l’époque d’avant Internet et la communication digitale. « Get Hold of this Space. La carte de l’art conceptuel au Canada », avant un second volet qui, au printemps, portera sur le paysage et la dimension politique et culturelle induite par la distance, se focalise dans son premier chapitre sur l’émergence des réseaux et une défiance de plus en plus affirmée vis-à-vis des institutions. Ceci entre les années 1960 et 1970, marquées par un activisme pacifiste qui, en art, se traduit notamment par une remise en cause de l’individualisme de la création, en même temps que se popularisaient les théories de Marshall McLuhan relatives aux médias et au village global.
Piloté par Barbara Fischer, directrice de la Justina M. Barnicke Gallery, à l’Université de Toronto, le projet insiste sur le formidable développement de nouvelles manières de penser l’art, comme celles menées par le Nova Scotia College of Art and Design, à Halifax, après des révoltes estudiantines en 1969 remettant en cause la qualité de l’enseignement, où l’usage d’instructions expédiées par des artistes invités a vu la collaboration des fameux John Baldessari, Lawrence Weiner, On Kawara, Jan Dibbets ou Douglas Huebler. Le parcours présente aussi nombre d’expériences novatrices, comme le restaurant ouvert par le collectif N.E. Thing Co. de Iain Baxter, le Eye Scream Restaurant, brouillant à Vancouver les frontières entre art et quotidien. ou encore les recherches sonores de Raymond Gervais, mêlant grâce à treize platines, des échantillons sonores provenant d’enregistrements des plus disparates, et générant tensions et juxtapositions (12 1=, 1976). Des mélanges et des échanges, toujours.
Jusqu’au 25 avril, Centre culturel canadien, 5, rue de Constantine, 75007 Paris, tél. 01 44 43 21 90, www.canada-culture.org, tlj sauf samedi-dimanche 10h-18h.
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Le Canada cartographié
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Abonnez-vous dès 1 €FILE Megazine Vol. 1,15 avril 1972, numéro « Mr. Peanut », Art Official Inc., Toronto. Collection d’Art Metropole, Toronto
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°408 du 28 février 2014, avec le titre suivant : Le Canada cartographié