L’art domestique

Ce projet de Blandine Morel et David Poissenot est né du désir d’initier une collection de papiers peints comme « un cadre offert aux artistes de la scène contemporaine ». Une nouvelle tentative de brouiller les frontières entre l’art et la vie quotidienne ? L’idée, de fait, résulte d’une collaboration avec Marc Camille Chaimowicz, dont l’œuvre mélange depuis près d’un demi-siècle arts plastiques et arts décoratifs. Très vite, au gré de leurs rencontres, les deux fondateurs de « Wallpapers by… » s’aperçoivent cependant que « presque tous les artistes ont envie de faire un motif de tapisserie ». Monochrome jaune (sans titre) d’Olivier Mosset, Cercles imparfaits d’Ida Tursic et Wilfried Mille, portrait photo noir et blanc, Georgia de Giasco Bertoli : le catalogue, dont de nombreuses éditions sont épuisées (comme celles signées John Armleder, Dora Garcia ou Mai-Thu Perret), explore les possibilités d’un médium aussi prosaïque que résilient. On se souvient, en 2003, de Claude Closky déroulant les chiffres de la bourse des valeurs high-tech de New York (Untitled (Nasdaq)). Plus récemment, lors de la dernière Fiac, on a vu plusieurs installations déborder du cadre pour envahir les murs, comme le Wallpaper, Marilyn de Philippe Parreno en façade du stand de la Gladstone Gallery, ou l’aménagement de Haegue Yang sur celui de Chantal Crousel. Jusqu’au Musée des beaux-arts de Cambrai, qui comporte déjà deux salles tapissées de lés d’artistes (Moulinsart, de Francis Baudevin, ainsi qu’une collaboration d’Anne-Laure Sacriste avec l’« Atelier d’Offard ») et qui s’enrichira bientôt d’un mur consacré à la dernière création de Marc Camille Chaimowicz, édité par « Wallpapers by… ». L’occasion, peut-être, de repenser la déco du salon.