La riche programmation de PHotoEspaña en fait l’un des principaux festivals en Europe pour l’image fixe.
MADRID - PHotoEspaña, le Festival international de la photographie et des arts visuels, orchestré par Pablo Berastegui et Horacio Fernandez, se place cette année sous le signe de l’international. Avec les moyens de ses ambitions, puisqu’ont été passées environ une douzaine de commandes, dont certaines en coproduction avec des festivals étrangers (Lisboafestival, à Lisbonne, et Mois de la photo de Montréal). Cette huitième édition ne se contente plus de réquisitionner de nombreux lieux madrilènes ; certaines expositions ont lieu à Valence ou à Tolède. Après l’histoire, l’Autre, la féminité ou le Sud, c’est au tour du thème de « La ville » d’être abordé cette année. Un sujet certes « bateau » mais la direction artistique propose de nombreuses découvertes.
Chaque musée ou institution développe une partie de ce vaste thème en invitant une grande diversité d’artistes. Au Circulo de Bellas Artes, autour de l’intimité de la ville, pas moins de sept photographes du monde entier confrontent leurs points de vue : Satoshi Minakawa s’est intéressé aux voitures japonaises transformées en logement ; Miguel Trillo a photographié des travestis dans leurs appartements de La Havane ; le Britannique David Spero, les maisons transformées en église en Irlande. Martin Parr est aussi présent avec une série inédite, « Parking Spaces », où l’oppression de la voiture a été capturée dans plus de 28 villes différentes…
Photo ibérique et sud-américaine
Aborder la ville, c’est en effet, avec le fantastique travail de Stan Douglas sur Detroit (Michigan), questionner l’envahissement de l’automobile dans la vie de la cité. L’espace urbain est aussi un lieu pour flâner, ainsi pour Stephen Gill photographiant des piétons demandant leur chemin. Au Museo de Santa Cruz, à Tolède, l’espace sera à l’honneur avec le travail de Donavan Wylie de Magnum sur une ancienne prison d’Irlande du Nord. Gareth McConnell s’est quant à lui attaché aux clients de pubs irlandais. À voir également en ce lieu, le travail méconnu en Europe du graphiste américain de Seattle, Art Chantry. Le Centro cultural de la villa à Madrid présentera trois maîtres américains de la photographie documentaire, parmi lesquels Stephen Shore avec sa série historique « Uncommon Places » (lieux singuliers). On pourra succomber une nouvelle fois à l’humour de Bill Owens et son décapant Suburbia, et découvrir un auteur mésestimé : Walter Rosenblum, qui dresse un tableau humaniste des rues new-yorkaises sur plusieurs décennies, des années 1930 à 1980. Le festival fait une part importante à la photographie ibérique et sud-américaine, quelques figures connues comme Cristina García Rodero, Humberto Rivas et Alberto García-Alix côtoyant le trop méconnu documentariste Gabriel Cualladó (Fundacíon Astroc, Instituto valenciano de Arte Moderno) ou Ricky Dávila (Consejería de cultura y deportes), un jeune reporter qui a passé deux ans à Manille, l’une des villes les plus peuplées du monde.
Ceux qui ont manqué l’exposition de Bernd et Hilla Becher au Centre Pompidou cet hiver pourront se rattraper à la Fundacíon Telefónica. L’on pourra redécouvrir l’œuvre de Keith Haring au Museo Colecciones Ico. À noter aussi, les fameux livres devenus cultes de William Klein consacrés à New York, Moscou, Rome et Tokyo seront présentés au Centro cultural Conde Duque.
Comme tout festival, PHotoEspaña accueillera de nombreux rendez-vous off, lectures de portfolios, prix, colloques et soirées festives. Les stages seront animés par des artistes comme Massimo Vitali, René Burri, Larry Fink, Lewis Baltz, Christopher Makos, Adam Broomberg, Oliver Chanarin, Martin Parr ou Alberto Garcia-Alix.
Désormais, Madrid est devenue une capitale qui compte dans la photographie, et à côté, la programmation des Rencontres d’Arles paraît parfois bien pâle !
Du 1er juin au 17 juillet, principalement à Madrid. Informations : www.phedigital.com
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La photographie envahit la capitale espagnole
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°215 du 13 mai 2005, avec le titre suivant : La photographie envahit la capitale espagnole