PARIS
La Fondation d’entreprise Ricard fête les cinq ans du programme « Young Curators Invitational » en collaboration avec la FIAC. Une opération positive, basée sur des rencontres et visites.
Pour mieux faire connaître la scène française, la FIAC et la Fondation d’entreprise Ricard ont initié, en 2006, un programme d’invitations de commissaires étrangers sous le libellé « Young Curators Invitational » (YCI). Cinq jeunes curateurs prometteurs, issus aussi bien des États-Unis, de Chine, du Liban ou de Slovénie, viennent chaque année découvrir le paysage parisien le temps du salon. Pourquoi miser sur des jeunes professionnels ? « Les curateurs qui ont entre 35 et 40 ans sont déjà identifiés, confirmés, liés parfois à des structures. Ce programme permet de repérer les talents. C’est une continuité de notre démarche », indique Colette Barbier, directrice de la Fondation d’entreprise Ricard qui finance ce projet d’un coût annuel de 25 000 euros. Le programme, d’une quinzaine de rencontres sur quatre jours, combine visites des grandes structures, comme le Centre Pompidou, et découverte des centres d’art en banlieue parisienne. Au terme de cet agenda très dense, certains ont révisé leurs jugements ou préjugés. Pour Lorenzo Benedetti, commissaire au De Vleeshal, à Middleburg (Pays-Bas), et invité en 2007, la scène française a beaucoup évolué, et son énergie repose principalement sur les espaces en périphérie comme le Centre d’art contemporain de Brétigny-sur-Orge (Essonne) ou La Galerie de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis). Convié en 2009, Johannes Fricke-Waldthausen en avait déjà eu un aperçu lors de sa résidence, cinq ans auparavant, au Pavillon du Palais de Tokyo. Le programme YCI lui a permis de découvrir les artistes Étienne Chambaud et Oscar Tuazon, ainsi que la Fondation Kadist.
Vers un vrai réseau professionnel
Le bilan général se révèle positif, mais il exige de réels ajustements. L’intensité du programme et son timing pendant la semaine surchargée de la FIAC ne permettent pas aux invités de passer suffisamment de temps avec leurs interlocuteurs français débordés. « Ce qui me manquait, c’étaient les discussions de groupe, un moment où les gens qui viennent de lieux si différents se posent et parlent ensemble », regrette pour sa part Layla Fakhr, invitée en 2006 et conservatrice à la Tate (Londres). « J’aurais aussi aimé qu’on discute moins avec les directeurs des institutions qu’avec leurs commissaires, car si nous devions un jour travailler sur des projets communs, ce serait le curateur et non le directeur qu’on appellerait. Il faudrait peut-être prévoir des rencontres moins officielles », ajoute Simona Vidmar, invitée en 2007 et curatrice à la Maribor Art Gallery (Slovénie). Pour elle, comme pour Lorenzo Benedetti, la journée et demie passée sur la FIAC est aussi trop longue. « Un programme, c’est ce que chaque invité en fait. Ricard et la FIAC n’imposent rien », précise toutefois Simon Casets, responsable du programme. Même s’ils auraient préféré un passage beaucoup plus court sur le salon, tous les invités regrettent de ne plus recevoir la carte VIP de la FIAC les années suivant leur participation à YCI.
Un manquement révélateur d’un effilochage des liens après l’opération. « J’aurais aimé plus de connexions après le programme. La bonne volonté est là, mais il n’y a pas assez de suivi », observe Layla Fakhr. À la décharge des organisateurs, les commissaires invités oublient souvent de réactualiser leurs données sur le site Internet de la Fondation d’entreprise Ricard, compliquant de fait toute reprise de contact… La plupart ont davantage gardé des attaches entre eux qu’avec l’organisation d’YCI. « C’est normal, lorsqu’on passe une semaine ensemble non-stop, précise Simona Vidmar. Cela aurait été profitable s’il y avait deux curateurs français aussi dans le programme pour renforcer le dialogue. » Pour Johannes Fricke-Waldthausen, l’initiative devrait déboucher sur une bourse permettant à l’un des invités d’organiser une exposition dans une institution française comme la Fondation d’entreprise Ricard ou l’Espace Louis-Vuitton. Certes, De Vleeshal fera voyager une exposition itinérante, intitulée « Beyond the Dust », en 2011 à la fondation. Mais ce type de complicité est rare. « Il faut donner du temps aux choses, estime Colette Barbier. Je pense qu’il y a un décalage dans les retombées. Dans les quatre à cinq années à venir, ces personnalités occuperont peut-être des postes à responsabilité et l’effet du programme YCI se fera directement sentir. »
En France, chacun a tendance à faire des choses dans son coin. Ces dernières années, CulturesFrance a ainsi invité une dizaine de curateurs pendant la FIAC. Baptisé « Focus », ce programme n’a bizarrement jamais créé de synergie avec Young Curators Invitational. La Fondation d’entreprise Ricard souhaiterait pourtant un relais de la part de CulturesFrance pour faire circuler ses jeunes convives en région. « Nous n’en avons jamais parlé, mais je suis plus que réceptif. Nous voulons monter en puissance au niveau des invitations et, si on le peut, s’associer à des structures qui ont ce type de démarche », indique Alain Reinaudo, conseiller Arts visuels à CulturesFrance.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La Fondation Ricard avec la Fiac : promouvoir la scène française
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°332 du 8 octobre 2010, avec le titre suivant : La Fondation Ricard avec la FIAC : promouvoir la scène française