C’est un objet intrigant, à l’allure ophidienne. Cette lampe de bureau ressemble en effet à un serpent, dans le genre naja, bref à un reptile « à cou dilatable » comme disent les spécialistes. On a d’ailleurs l’impression que l’air de flûte d’un charmeur suffirait à lui seul à la faire se tortiller à l’envi.
C’est un objet intrigant, à l’allure ophidienne. Cette lampe de bureau ressemble en effet à un serpent, dans le genre naja, bref à un reptile « à cou dilatable » comme disent les spécialistes. On a d’ailleurs l’impression que l’air de flûte d’un charmeur suffirait à lui seul à la faire se tortiller à l’envi. Cette lampe imaginée par le designer anglais James Irvine est l’une des premières productions d’un tout nouveau fabricant de luminaires suédois, Wästberg AB, firme fondée il y a à peine un an par le jeune Magnus Wästberg, 33 ans. Ce dernier possède une confortable expérience dans le domaine de l’éclairage, ayant fait ses armes au sein de l’entreprise de luminaires familiale, la renommée Vidilux, fondée en 1994.
Cette lampe de bureau, désignée pour l’heure sous le nom de code « Irvine/w08 », fait donc partie des quatre premiers prototypes de la marque naissante dévoilés le 5 février à Stockholm, en marge du Salon du meuble. Elle est entièrement en aluminium et habillée d’une laque mate couleur « blanc alpin ». À l’instar de tout reptile à sang-froid, l’éclairage se fait au moyen de diodes électroluminescentes (LED), lesquelles diffusent une lumière douce et froide. Autre avantage : sa manipulation. D’une simple pression du doigt, l’utilisateur peut faire onduler son long corps fluet, lequel est composé de deux éléments distincts. L’alimentation ne se fait pas par un fil électrique glissé à l’intérieur du tube creux, mais, là est la subtilité, grâce à des contacteurs électriques, ce qui permet aux tubes de tourner sur eux-mêmes à 360° sans risque. Dernière petite attention : lorsque la lampe est éteinte, l’interrupteur maintient en permanence une infime lueur, histoire de le repérer en un clin d’œil, y compris dans l’obscurité la plus totale. « Ce thème de la lampe de bureau fait partie de ces projets qui toujours doivent se mesurer aux grands chefs-d’œuvre du passé, estime James Irvine. Au fil des années, des centaines de modèles ont été inventés, dont certains si intelligents qu’il est difficile de les dépasser. D’aucuns sont truffés de ressorts, de boutons et de charnières compliquées. Évidemment, vous pouvez dessiner un énième modèle de lampe de bureau, mais mon sentiment est qu’il existe encore un espace pour imaginer une lampe au mécanisme simplifié. Un objet calme, qui bouge, certes, mais qui n’offre pas de multiples fonctions. Pour moi, le simple fait que cette lampe puisse tourner sur elle-même est amplement suffisant. J’espère que ce le sera également pour les utilisateurs. »
Né en 1958 à Londres, James Irvine a fait ses études à la Kingston Polytechnic Design School, puis au Royal College of Art. Aussitôt diplômé, en 1984, il file s’installer à Milan. Entre 1984 et 1992, il est consultant pour la célèbre firme italienne Olivetti. Il y dessine moult produits industriels sous la direction de deux designers phares transalpins, Michele De Lucchi et Ettore Sottsass. En 1987, dans le cadre d’un échange culturel organisé par Olivetti, James Irvine s’exile un an durant à Tokyo, pour effectuer des recherches au sein du Design Center de Toshiba. À son retour dans la capitale lombarde, en 1988, il ouvre son propre atelier. En parallèle, de 1993 à 1997, Irvine devient responsable du département design industriel de l’agence d’Ettore Sottsass, Sottsass Associati. En 1998, il cesse ses collaborations externes pour se consacrer entièrement à sa propre agence, laquelle s’épanouit depuis tous azimuts : de l’amusant et néanmoins très maniable tire-bouchon prénommé Luigi à la joyeuse flotte de bus — 131 véhicules — de la ville de Hanovre (Allemagne), reconnaissable à ses deux épais liserés vert et orange fluo. Rien à voir avec le traditionnel flegme anglais.
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James Irvine
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°276 du 29 février 2008, avec le titre suivant : James Irvine