La bibliothèque Forney affiche Michel Quarez tandis que Pierre Staudenmeyer fait l’objet d’un bel hommage au passage de Retz
PARIS - Vous avez dit arts mineurs ? Arts mineurs, voilà bien une expression tombée en désuétude depuis que Jack Lang, au tout début des années 1980, leur a ouvert à double battant les portes de son ministère de la Culture. Ainsi, en rangs serrés, y pénétrèrent la mode et la bande dessinée, la gastronomie et le graphisme, le design, la décoration, la photo et l’animation… devenus dès lors produits culturels de plein droit. Rejet et adhésion, face à ce nouvel état des choses, furent à l’époque d’égale intensité. Aujourd’hui, la cause est entendue : tout fait art, tout est création, tout est égal à tout. Dans cet immense chaudron « culturalo-consommatoire » mijotent le pire et le meilleur… En témoignent aujourd’hui deux expositions qui relèvent, en cette matière, du meilleur.
Les leçons de Quarez
D’abord celle de Michel Quarez, éblouissant affichiste, à l’égal d’un Cassandre ou d’un Savignac, mais qui aux grandes marques internationales a toujours préféré les petites villes de banlieue du 9-3 (Seine-Saint-Denis). Ses créations, depuis plusieurs décennies, illuminent les murs et le quotidien de Saint-Denis et de Bobigny, de Gennevilliers et du Blanc-Mesnil. Son travail est une leçon tout à la fois politique, sociale, artistique et intellectuelle. Celle d’un engagement tous azimuts où se mêlent colère et joie de vivre, culture et curiosité, intensité et légèreté, dans un vocabulaire de formes et une grammaire de couleurs dont la simplicité n’a d’égale que la complexité. Un Quarez à ne manquer sous aucun prétexte, au fil d’une exposition simple, claire et lisible, à l’image du travail de l’artiste.
Ensuite celle consacrée au galeriste Pierre Staudenmeyer, l’un des plus ardents promoteurs de design domestique en France. Une trajectoire météorique, qui le conduira de Paris à New York, de la galerie Neotu à la galerie Mouvements modernes, lui fera rencontrer la crème des designers du monde entier. Le dédale des salles du passage de Retz se prête admirablement à ce grand « déballage » où se mêle dans un savant désordre, et en parfaite équité, ce que Staudenmeyer a exposé, édité, collectionné ou simplement aimé et qui, amusant paradoxe, illustre à merveille son credo : « Ma première constatation en ce qui concerne les objets, c’est leur formidable capacité à révéler l’absence. » Cultivé, brillant, dialectique, acéré, Pierre Staudenmeyer ne fuyait ni les affrontements, ni les conflits, ni les contradictions. Cette exposition multiple et complexe témoigne très justement de la force et du côté obscur de cet infatigable promoteur. Cerise sur le gâteau, à l’appui de ces deux expositions, non pas deux catalogues, mais deux livres conséquents et tout aussi remarquables.
MICHEL QUAREZ
Commissaire : Thierry Devynck, conservateur chargé des affiches à la bibliothèque Forney
Scénographe : Anne Gratadour
STAUDENMEYER
Commissaires : Yvonne Brunhammer et Pierre Mignot, avec le concours de Bernard Blistène
Scénographe : Kristian Gavoille
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Deux caractères bien trempés
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Abonnez-vous dès 1 €MICHEL QUAREZ, jusqu’au 2 janvier 2010, bibliothèque Forney, 1, rue du Figuier, 75004 Paris, tél. 01 42 78 14 60, du mardi au samedi 13h-19h. Livre, éd. Paris bibliothèques, coll. « Affichistes », 2009, 232 p., 380 ill., 28 euros, ISBN 978-2-8433-1170-3
CES ANNÉES-LÀ – LES ANNÉES STAUDENMEYER, 25 ANS DE DESIGN EN FRANCE, jusqu’au 15 janvier 2010, espace d’exposition, passage de Retz, 9, rue Charlot, 75003 Paris, tél. 01 48 04 37 99, tlj sauf lundi 10h-19h. Livre, éd. Norma, 2009, 528 p., 1 200 ill., 50 euros, ISBN 978-2-9155-4225-7
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°315 du 11 décembre 2009, avec le titre suivant : Deux caractères bien trempés