S’il est un peintre avec lequel l’illustrateur David Sala n’a pas fait complètement « sécession », c’est Gustav Klimt. Personne ne lui reprochera cette magnifique influence tant il prend plaisir à manipuler, voire réactualiser les codes esthétiques du peintre viennois.
Silhouettes graphiques aux contours tantôt fermes puis définis, asymétrie de la composition, évocation de l’estampe japonaise, emprunts au naturalisme et au symbolisme, goût pour la mosaïque et l’école Rimpa, répétition des motifs, compositions ultradécorées parfois sans relief ni perspective, ornementations chatoyantes et envahissantes... Toutes les caractéristiques sont présentes sans pour autant hurler au plagiat. Sala les a faites siennes, en ajoutant une vive palette colorée, saisissante, lumineuse et flamboyante qu’on associera, elle, davantage aux Nabis et à l’école de Pont-Aven. Joyeux mélange. Équilibre savoureux de citations formelles. Bien digérées, ces singularités dignes de Klimt, conjuguées consciemment ou non à l’influence de Gauguin, sont devenues un alphabet complexe au service des textes de Jean-François Sabas et d’univers classiques (palais, forêt enchantées, princes…) dont David Sala transcende habilement la force symbolique et la dimension poétique dans des mises en scène contemplatives où l’on s’égare volontiers, y compris dans le jeu de stylisation. Autre tour de force qui confirme qu’il sait rester à bonne distance de ses maîtres : Sala, dont les illustrations servent des albums à destination de la jeunesse, est parvenu à traduire de la sensualité quand Klimt pouvait se permettre de l’érotisme. Les genres ont leurs limites. « À chaque époque son art, à tout art sa liberté », scandait Klimt, ivre de changement. À notre époque d’usurpateurs de l’innovation, David Sala assume d’être marqué, sans prétentions, par ceux qui ont fait l’histoire de l’art, s’offrant le luxe de s’inventer au passage.
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David Sala et l’art (re)nouveau
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°675 du 1 janvier 2015, avec le titre suivant : David Sala et l’art (re)nouveau