Tintin et Oscar : deux petits personnages mythiques qui auront fortement marqué le XXe siècle, et qui continuent leur petit bonhomme de chemin sur la voie royale du musée.
Deux musées donc, le premier en Belgique, le second aux États-Unis ; le premier consacré au 8e art, le second au 7e ; le premier programmé pour le printemps 2009, le second pour le printemps 2012 ; tous deux signés du même architecte, le Français Christian de Portzamparc.
À l’orée du bois de la Source, en bordure de Louvain-la-Neuve (Belgique), un long prisme allongé semble flotter entre les arbres. Déjà, on devine que les ouvertures prévues dans la façade en béton lisse de teinte claire fonctionnent à la manière des cases typiques de la bande dessinée. Et qu’elles laisseront apparaître, en deuxième rideau, des séquences immédiatement identifiables à l’art d’Hergé, le père de Tintin et de Milou, et de tant d’autres personnages. Sorte de long vaisseau en lévitation auquel on accède par une fine passerelle, débouchant dans un intérieur coloré, onirique, lui-même traversé d’autres passerelles qui relient entre eux les quatre espaces spécifiques constitutifs du Musée Hergé.
Dedans-dehors, dehors-dedans, l’illusion est parfaite qui conduit au cœur de l’univers du célèbre dessinateur, avec cet enchevêtrement de passages qui permet tout autant de s’y noyer et de s’en extraire, d’en être le spectateur comme d’imaginer en être l’un des acteurs. Et avec, de la part de l’architecte, une incroyable habileté à transposer en trois dimensions les grandes leçons de la fameuse « ligne claire ».
C’est à un autre exercice que se livrera bientôt Portzamparc, à Hollywood (Los Angeles), à l’intersection de Sunset Boulevard et de Vine Street, à quelques encablures du Chinese Theater et du théâtre Kodak où, chaque année, l’Académie du cinéma décerne ses Oscars.
Aucun projet pour l’instant puisque, à la manière américaine, l’architecte a été sélectionné en raison de son œuvre existante, et choisi à la suite de plusieurs entretiens avec les membres de l’Académie (parmi lesquels Curtis Hanson et Steven Spielberg) présidée par Sidney Ganis. La Cité de la musique, le Musée Bourdelle (à Paris), l’ambassade de France à Berlin et le siège du quotidien Le Monde (Paris) ont certes impressionné les membres de l’Académie, mais plus encore leurs diverses conversations avec l’architecte. Si la culture de « rat de cinémathèque » de Portzamparc les a séduits et amusés, les a surtout passionnés cette manière d’envisager l’architecture de façon très cinématographique où s’enchaînent champs et contrechamps, cadrages serrés et panoramiques, premiers plans et arrière-plans, travellings et fondus enchaînés.
Architecture, bande dessinée, cinéma, trois manières de raconter une histoire, des histoires, au sein desquelles le cadrage, justement, est essentiel. Le cadrage et, peut-être plus encore, la
« séquenciation ». Même si, paraphrasant Eisenstein, Christian de Portzamparc distingue, dans un sourire, « le cinéma, qui est l’éternité déployée dans le temps, et l’architecture, qui est l’éternité déployée dans l’espace ».
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Christian de Portzamparc
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°273 du 18 janvier 2008, avec le titre suivant : Christian de Portzamparc