Photographe - Au début du printemps 2019, Cécile Hartmann a remonté le tracé du pipeline Keystone « pour aller, dit-elle, jusqu’au cœur du mal, c’est-à-dire jusqu’à la troisième zone la plus polluée du monde que sont, en Alberta, les exploitations à ciel ouvert du sable bitumineux. »
De Denver à la forêt boréale, du moins ce qu’il en reste, elle a filmé ce que sa construction induit pour ces paysages grandioses des Grandes Plaines et leur peuple, les Sioux. Terres éventrées, rivières et plans d’eau pollués, fermes abandonnées : elle filme au plus proche des éléments. L’homme n’apparaît que dans ce qu’il a construit. Aucune parole ni commentaire, que la musique originale de Terence Meunier et les sons du vent ou ceux générés par l’exploitation pétrolière. Ce point de vue jamais dominant sur la nature, Cécile Hartmann l’explique par son enfance passée à vivre au plus près d’elle dans les Vosges et par les promenades avec son père qui lui apprenait comment s’en nourrir. Elle l’explique aussi par la relation intellectuelle avec Éric Michaud, dont la relecture du romantisme allemand très politique l’a fascinée. Le minimalisme de ses photographies ou de ses films s’est forgé quant à lui aux Beaux-Arts de Paris dans l’atelier de Bernard Piffaretti et la proximité avec Jean-Marc Bustamante. La poétique du regard hautement sensible et politique qui s’est ensuite développée dans ses photographies, films ou expositions, s’accompagne d’une puissance formelle que l’on n’oublie pas. L’élément terre y est central, tout comme la violence que l’histoire et les hommes lui infligent.
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Cécile Hartmann - Photographe
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°742 du 1 mars 2021, avec le titre suivant : Cécile Hartmann - Photographe