Carte blanche à... Ben

S’il n’est plus temps – ni vraiment besoin – de présenter Ben, on peut toujours gloser sur sa démarche. D’autant que le mot est son aliment de prédilection et que l’artiste – de son vrai nom Benjamin Vautier, né à Naples en 1935 – n’a pas son pareil dans l’art de la dialectique. Entre Fluxus et art conceptuel, son œuvre fourmille pour l’essentiel de déclarations, sentences et assertions en tous genres, énoncées le plus souvent blanc sur noir, à la façon d’une parole définitive écrite à la craie sur un tableau d’ardoise par une main professorale. Curieux de tout, Ben a un avis sur tout et rien ne le réjouit plus que d’entraîner l’autre à prendre parti. « Pour » ou « Contre », peu importe (il en fait même un jeu invitant les uns et les autres à tirer chaque côté d’une corde pour savoir qui a raison). Ce qui compte, c’est de développer des arguments, d’entamer une discussion, de provoquer un débat. Ben se transforme alors en animateur, animé qu’il est par la passion du verbe et – il faut bien le reconnaître – sachant à la perfection l’utiliser toujours à son avantage. Sous des dehors toujours pressés et fougueux, la parole de Ben est forte d’une réflexion dont la pertinence touche chaque fois la cible convoitée. Si le milieu de l’art, la marche du monde, les ethnies sont parmi ses sujets favoris,
Ben sait se saisir de toutes les innovations de la société. En écho à sa participation à une exposition sur le code barre à Issy-les-Moulineaux, il a conçu tout spécialement cette carte blanche en forme d’autoportrait, nous invitant à imaginer la nôtre. Car, si Ben parle beaucoup de lui, il ne peut se passer de l’autre.