Carte blanche à... Barthélémy Toguo

« You don’t know what you are missing. » La formule, si elle semble résonner d’un ton qui frise le reproche, n’a pas pour autant cette intention. Bien au contraire, elle en appelle à l’idée de regret pour celui à qui elle s’adresse, qu’il ait pu manquer une si belle occasion. Celle d’un moment lumineux, d’une complicité de passage, d’un secret révélateur. Barthélémy Toguo aime à faire partager ses enthousiasmes, ses passions, mais aussi ses indignations, ses coups de colère. Le petit livre rouge – un vrai livre d’artiste – que lui a édité le Lieu Unique à Nantes est à l’image de son auteur. Dessins, photos, collages et interventions graphiques s’y entremêlent avec un bonheur sans égal, témoignant dans leur contenu de toutes sortes de considérations qui n’ont de cesse d’assaillir l’esprit et l’imagination de l’artiste. Sur une quantité de papiers choisis grouillent tout un monde d’esquisses, de notations, de figures et d’animaux qui sont autant de pensées livrées bride abattue par l’artiste du bout de ses crayons, pinceaux et appareil photo. Une sorte de journal qui fait fi des frontières et des catégories. D’origine camerounaise, Barthélémy Toguo, qui est né en 1967, a fait ses études à Grenoble, puis à Düsseldorf, vit et travaille aujourd’hui entre Paris, l’Allemagne et son pays natal. À Douala, il a décidé de créer un Institute of Visual Art afin de préserver sur la terre de ses ancêtres tout un patrimoine contemporain africain trop facilement happé par le monde de l’art occidental. Touche-à-tout de génie en perpétuel mouvement, Toguo qui n’exclut aucune pratique ne cache pas son penchant pour le dessin, comme en témoigne cette carte blanche, laissant toute liberté au regardeur de s’engouffrer dans son œuvre et de l’investir à sa guise de ses propres visions.