Au centre d’art d’Ivry-sur-Seine, l’abstraction géométrique se transforme en un terrain de jeu pour la jeune génération.
Ivry-sur-Seine - L’histoire de l’art est un répertoire de formes à réinvestir et réinterpréter. Voilà la règle que propose « La partie continue1 » pour placer onze artistes sur le terrain à la fois balisé et spongieux de l’abstraction géométrique. Sans dogmatisme, mais avec une légèreté contrôlée, l’équipe choisie par Claire Le Restif, nouvelle directrice du Credac (centre d’art d’Ivry), est composée de deux « passeurs », François Morellet et Olivier Mosset, et d’une flopée d’avants-centres. Parmi eux, Nicolas Chardon et Karina Bisch s’appliquent à inventorier à partir de motifs déjà existants (textiles pour le premier, façades d’architectures pour la seconde), un héritage qu’ils prennent sans frais de succession mais avec autant de liberté que leurs proches aînés. Car si dans les années 1940 Mondrian dansait le boogie-woogie, l’heure est maintenant à la Drum’n Bass, comme le signale le titre de la composition hétéroclite appliquée par Mathieu Mercier sur le mur : des étagères noires en guise de verticales et d’horizontales, et une tasse, un rouleau de papier et une boîte de rangement dans le rôle des touches de couleurs primaires. Rien que du modulable donc pour ce Néo-Plasticisme qui s’accommode admirablement du kit. Plus loin, deux miroirs de Didier Marcel enrichissent leur vocabulaire spéculaire. Par le biais d’une sérigraphie, l’artiste les a striés de nouvelles grilles de lecture, une spirale ou un quadrillage.
Mais c’est dans sa deuxième partie de l’espace tortueux du Credac que « La partie continue1 » prend vraiment sa valeur ludique, voire sportive si l’on se réfère aux vidéos de Jacques Julien (Tennis Ghost, Snow Ball). Des murs blancs et un sol ciré feraient du lieu un cadre idéal pour un petit squash, mais il l’est aussi pour cette exposition fondée sur les renvois. Les rebonds se font sur les cimaises – le shaped canvas de Philippe Decrauzat qui embrasse dans son inclinaison le plancher biaisé du lieu –, et au sol, avec les trajectoires dessinées par l’installation de Barbara Galluci. Suspendue au ras du sol, la Sphère-trames de François Morellet semble quant à elle prête à taper sur le mur du fond. En écho, le fronton est occupé par Stéphane Calais, qui signe avec son Brooklyn style n° 2 un mural trompeur, simultanément rebondi, creusé et plat par l’usage qu’il fait d’un damier circulaire virtuose, mais vandalisé d’un signe vert fluo.
Jusqu’au 21 décembre, Credac (Centre de recherche, d’échange et diffusion pour l’art contemporain), 93 avenue Georges-Gosnat, 94200 Ivry-sur-Seine, tél. 01 49 60 25 06, www.credac-and-co.com, du mardi au dimanche 14h-19h.
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Balle au centre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°183 du 19 décembre 2003, avec le titre suivant : Balle au centre