PARIS
Alors que, depuis quatre décennies, il essaime ses projets aux quatre coins de la planète, y compris dans quelques villes de l’Hexagone, paradoxalement, Rem Koolhaas n’avait pas encore montré sa « patte » dans la capitale française.
C’est chose faite avec l’ouverture de la Fondation d’entreprise Galeries Lafayette. Une « patte » dans un gant de velours cependant, tant le territoire d’intervention de l’architecte batave était contraint. L’institution, d’une surface totale de 2 200 m2 (dont 840 m2 pour les expositions), se glisse au cœur d’un îlot du Marais, dans un édifice de trois et quatre étages en forme de « U », datant du XIXe siècle et entièrement restauré pour l’occasion.
Afin de satisfaire aux critères du plan de sauvegarde des quartiers version 2012, le seul endroit possible pour y ériger une partie contemporaine était la cour intérieure située au centre de ce fameux « U ». C’est là précisément que Koolhaas a démultiplié son effort et son effet, optant pour une « tour d’expositions ». Cette haute structure de métal habillée d’immenses parois de verre autoportantes – donc sans aucun élément raidisseur – s’insère au ras du bâtiment existant, sur la totalité de l’emprise de l’ancienne cour. Elle loge un étonnant dispositif, « clou » de cette nouvelle institution : une « machinerie » composée de quatre plateformes, deux grandes (surface : 50 m2 chacune) et deux petites (surface : 25 m2 chacune), se déplaçant indépendamment, grâce à une motorisation embarquée, le long de six monumentaux poteaux métalliques équipés de crémaillères.
Ce système permet de modifier à l’envi l’espace intérieur en faisant « stationner », ou pas, lesdites plateformes mobiles dans l’alignement des planchers existants. Leur combinaison offre un large répertoire de configurations spatiales (quarante-neuf au total), augmentant de manière exponentielle la « fluidité » verticale. Lorsque toutes ces plateformes sont rassemblées les unes sur les autres au sol, le volume se fait maximal, arborant une hauteur sous plafond de 18 mètres. Cette « fluidité » de l’édifice fonctionne également de manière horizontale, en particulier au rez-de-chaussée. Ainsi en est-il de ce « passage public » qui relie l’accès « officiel », rue du Plâtre, à la rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie. Celui-ci traverse le bâtiment de part en part et reprend, paraît-il, l’exact parcours d’une servitude historique. Tout un chacun pourra ainsi traverser cet espace librement, s’y arrêter ou continuer son chemin. On trouve notamment, à ce niveau, une boutique et un restaurant. Le sous-sol dissimule, lui, un atelier de production de 350 m2 qui permet aux artistes invités d’y réaliser prototypes et/ou œuvres définitives.
Pritzker Prize 2000, Rem Koolhaas, 73 ans, a fondé son agence Office for Metropolitan Architecture, en 1975, à Rotterdam. Il est, entre autres, l’auteur, en 2015, de la Fondation Prada, à Milan, installée dans une ancienne distillerie au sud de la ville.
Souhaitant mettre en avant les arts plastiques, la performance, la mode et le design, la Fondation d’entreprise Galeries Lafayette, qui ouvre le 10 mars, se veut « un espace d’exposition et de production artistique, un laboratoire de création, d’innovation et de recherche ».
Fondation d’entreprise Galeries Lafayette, 9, rue du Plâtre, Paris-4e, www.lafayetteanticipations.com
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Ascenseur pour les expos
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°710 du 1 mars 2018, avec le titre suivant : ASCENSEUR POUR LES EXPOS