Ardents regards sur la société colombienne

Née en 1938 à Bucaramanga et travaillant à Bogota depuis les années 1960, elle apparaît aujourd’hui comme une figure majeure de la scène artistique latino-américaine. La vaste nef de l’entrepôt Lainé vibre de présences visuelles colorées de toutes formes et de toutes tailles. Dessins et peintures sur papier, sur toile et sur tissu, vastes tentures peintes, émail et impressions numériques sur lames de métal parfois assemblées en meubles métalliques, sérigraphies, objets manufacturés peints, cette œuvre foisonnante en expérimentations les plus variées semble disparate au premier regard.

Puis, très vite, il apparaît que chaque réalisation est porteuse d’une réflexion, d’une émotion et d’une prise de conscience toujours bien particulière du monde tel qu’il apparaît à l’artiste. Beatriz González travaille en partant de sources précises de trois ordres différents : des coupures de presse évoquant la violence sociale et politique de la société colombienne, des clichés emblématiques de l’histoire de l’art mondiale et des chromolithographies colombiennes très populaires, souvent à thèmes religieux.

Toujours active, l’artiste observe et témoigne depuis plus de cinquante ans des violentes mutations politiques et sociales de la Colombie. Son travail peut s’appréhender comme un fier et courageux regard toujours en tension face à des réalités si souvent insoutenables.