« Je sais que pour peindre il ne faut surtout pas se fier à sa propre mentalité, à son jugement ni à la mentalité et au jugement d’autrui. C’est tellement aléatoire, la mentalité, le jugement qu’on a récolté en cours de route à la faveur des influences, rencontres, hasard. Il faut oublier tout cela devant la toile, le pinceau à la main. »
Ces mots de Gaston Chaissac (1910-1964) adressés à l’artiste Jeanne Kosnick-Kloss en 1948 revendiquent, à l’unisson des nombreux autres écrits de l’artiste présentés dans l’exposition, une radicale liberté de créer. Cette liberté se traduit d’abord par l’incroyable diversité de supports qu’il choisit pour réaliser ses dessins, peintures et collages : papiers de toute nature, cartons, isorel, bois, pierre, osier, tôle, émaillée ou non, ardoise, bouteilles en verre, métal, récipients usagés…
Cette rétrospective de Gaston Chaissac, réalisée à l’occasion d’un nouveau dépôt de cent trois œuvres de l’artiste au musée, permet de découvrir de nombreuses réalisations jamais montrées. Chronologique et claire, elle retrace toutes les étapes d’un parcours riche en ruptures et en surprises.
Né à Avallon, dans l’Yonne, dans une famille très modeste, il quitte l’école à 13 ans et mène une vie difficile. Il est successivement marmiton, apprenti-quincaillier, apprenti-bourrelier, cordonnier. Chaissac a 27 ans quand il rencontre à Paris l’artiste abstrait allemand Otto Freundlich, qui l’initie à la peinture. Ses toutes premières œuvres, l’une rigoureusement abstraite – une juxtaposition de formes géométriques monochromes coloriées aux crayons de couleur – l’autre abruptement figurative – une silhouette féminine massive au premier plan d’un paysage bucolique – révèlent déjà un homme pour lequel seul importe la cohésion visuelle et matérielle de chaque œuvre.
Cette exposition permet aussi de mettre en perspective la relation de Gaston Chaissac avec Jean Dubuffet, souvent présenté comme son « découvreur » et mentor. Les nombreuses lettres de Chaissac présentées dans l’exposition et le catalogue, précis et rigoureux, témoignent de la richesse des relations qu’entretenait l’artiste avec de nombreuses autres personnalités, tels Francis Ponge, André Bloc ou Michel Ragon.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Chaissac, "peintre rustique moderne"
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°707 du 1 décembre 2017, avec le titre suivant : Chaissac, "peintre rustique moderne"