Profession

Vernisseur au tampon

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 20 janvier 2009 - 623 mots

Cette branche des métiers du meuble permet de redonner leur éclat aux meubles anciens.

Un vernis ayant le poli d’une glace. Telle est la spécificité de nombreux meubles d’ébénisterie française et européenne, produits depuis le XVIIIe siècle jusqu’à l’Art déco. Cette technique est encore aujourd’hui perpétuée par quelques artisans spécialisés, qui sont aussi les plus méconnus des nombreux métiers du meuble : les vernisseurs au tampon, restés longtemps dans l’ombre des ébénistes, à l’inverse des doreurs ou des marqueteurs. « Nous redonnons vie aux meubles », n’hésite pourtant pas à affirmer Oreste Zecca, installé à Paris depuis 1967, qui vernit des meubles de toutes époques. Engagé pour sa part dans cette voie depuis plus de vingt ans, après un début de vie professionnelle comme lecteur de presse et documentaliste, Michel Tutin, l’un des meilleurs spécialistes parisiens, a appris le métier grâce à la formation professionnelle, mais surtout dans le cadre d’un stage effectué chez un grand marchand parisien, « à l’ancienne ». Il reconnaît cependant qu’il lui aura fallu plus de dix ans pour apprendre réellement une technique « qui n’est pas vraiment maîtrisable ». « Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’y a pas de secret, explique Michel Tutin. Tout est affaire de coup de main et de ressenti. » Chaque vernisseur exerce en effet à sa manière, «  avec ses combines » selon les termes d’Oreste Zecca, créant ses propres vernis dont les recettes et les dosages varient souvent d’un professionnel à l’autre. La qualité du vernis, constitué à base de gomme-laque – une résine issue de la sécrétion de la cochenille – diluée dans de l’alcool, est en effet primordiale pour la subtilité du résultat. Outre cette compétence de chimiste, le vernisseur doit faire preuve d’une grande application dans la pose du vernis et surtout dans la préparation du support, le vernis révélant les moindres défauts du meuble. Travailler dans un espace sans poussière est aussi une condition primordiale. La première phase, le « remplissage », consiste ainsi à combler les pores du bois par l’application d’une substance constituée de poudre de pierre ponce et d’alcool. Vient ensuite l’étape du « vernissage » proprement dit, effectué à l’aide d’un tampon de laine et toile imbibé de vernis – d’où le nom de « vernisseur au tampon » – appliqué à plusieurs reprises sur le meuble. Cette étape sera suivie par un « éclaircissage », destiné à éliminer toute trace de remontée d’huile afin d’obtenir un poli parfait. Le travail de vernissage sur un meuble requiert ainsi plus d’une quarantaine d’heures, voire une centaine pour des pièces plus complexes. « Les fauteuils et les sièges sont les meubles les plus difficiles à vernir à cause des moulures », note Michel Tutin, qui travaille par ailleurs pour le Mobilier national. Si les carnets de commande des vernisseurs ont longtemps été remplis par les marchands d’art, la clientèle privée se fait plus nombreuse dans le contexte morose d’aujourd’hui. De l’avis d’Oreste Zecca, habitué à travailler pour les professionnels de Saint-Ouen, l’activité connaît une période de repli. « Nous sommes en général plutôt sur la corde raide », reconnaît Michel Tutin. D’où l’exercice par de nombreux vernisseurs en plus de leur spécialité d’une pratique connexe, la restauration de meubles.

Une tapisserie au concours

La Ville de Paris, en partenariat avec les Établissements Jules-Pansu, lancent un concours pour la création d’un carton de tapisserie murale décorative. Ce carton, dont le thème n’est pas imposé, servira au tissage d’un panneau de 2 m x 1,40 m. Celui-ci sera exécuté selon la technique du tissage Jacquart par les meilleurs ouvriers de France sur le site d’Halluin (Nord) et fera l’objet d’une édition commerciale. Candidature jusqu’au 18 février 2009. Renseignements complémentaires : www.ateliersdeparis.fr, rubrique « Actualités ».

Formation

Il n’existe pas de formation dédiée exclusivement au vernissage au tampon. Mais les formations classiques à l’ébénisterie proposent une initiation à la technique. CAP « Ébénisterie ». Durée : 3 ans, niveau BEP DMA « Arts de l’habitat » option Décors et mobiliers : durée : 2 ans. Niveau bac 2. Renseignements : Lycées professionnels et centres de formation et d’apprentissage. École Boulle, école supérieure des arts appliqués aux industries de l’ameublement et de l’architecture intérieure, 9, rue Pierre-Bourdan, 75012 Paris, tél. 01 44 67 69 67, www.ecole-boulle.org Maison des Compagnons du devoir, 1, place Saint-Gervais, 75004 Paris, tél. 01 48 87 38 69, www.compagnons-du-devoir.com À noter : les 30, 31 janvier et 1er février, les Compagnons du devoir ouvrent leurs portes au public à l’occasion des « Rencontres des métiers ». Centre de formation d’apprentis de l’ameublement « La Bonne graine », 200 bis, boulevard Voltaire, 75011 Paris, tél. 01 43 72 22 88, www.cfa-ameublement.org FORMATION CONTINUE : Formations-ameublement, 28 bis, avenue Daumesnil, 75012 Paris, tél. 01 44 68 18 31, www.formations-ameublement.fr

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°295 du 23 janvier 2009, avec le titre suivant : Vernisseur au tampon

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