Ce menuisier spécialisé, maître de la géométrie, fabrique ou restaure les dentelles de bois qui ont orné la plupart des grands jardins historiques.
Ils ont une bible : L’Art du treillageur ou menuiserie des jardins, publié pour la première fois en 1774 par Jacques-André Roubo. Plus de deux siècles plus tard, cet ouvrage reste en effet la référence pour cette poignée d’artisans qui perpétuent l’art du treillage. Héritier des treilles servant à soutenir les ceps de vigne – travail relevant alors du jardinier –, celui-ci a connu son heure de gloire sous Louis XIV dans les grands jardins à la française. Il a constitué l’architecture de nombreux jardins avec son assemblage de lattes de bois, utilisant un même vocabulaire ornemental dans ses colonnades, berceaux, cabinets ou galeries, destinés à combler les vides laissés par les feuillus lors de la saison hivernale. Le treillage est alors devenu affaire de spécialistes capables de conjuguer les talents du menuisier, du dessinateur, du décorateur voire de l’architecte. Après cet âge d’or du Grand Siècle, le treillage a perduré au gré des modes. Il a connu un regain d’intérêt à la fin du XIXe siècle, notamment pour la construction de grandes serres ou de pavillons d’expositions, ou pour orner en trompe-l’œil des surfaces monotones en milieu urbain, comme les pignons ou les murs aveugles. Mais les changements de goût ont eu raison de cet art coûteux en main-d’œuvre. De nombreux treillageurs se sont alors reconvertis dans la menuiserie classique. D’autres, peu nombreux, tels que Bertrand Servenay, ont au contraire fait le pari de la création. Formé aux beaux-arts, ce dernier revisite les classiques du treillage. Il en maîtrise toutes les étapes de fabrication, des dessins à la coupe des pièces, en passant par leur assemblage. Quelques rares entreprises répondent quant à elles aux demandes en matière de restaurations. Ainsi de la société Lemaire-Tricotel, qui fabrique des treillages depuis 1848. Celle-ci est intervenue au Musée Nissim de Camondo, à Paris, dans le parc du château de Versailles, au Musée de la chasse et de la nature, à Paris, et dans de nombreux hôtels particuliers. « Dans la pratique, nous refaisons souvent à l’identique car les treillages sont souvent en très mauvais état », explique Bruno Payelle, son responsable, qui voit aussi émerger de nouveaux marchés, notamment aux États-Unis. La transmission des savoir-faire est aussi l’une des préoccupations de ces professionnels. « Nous maintenons une compétence qui n’existe plus guère en formant dans nos ateliers », poursuit Bruno Payelle. Depuis le XVIIe siècle, la technique du treillage n’a pourtant pas évolué, seule la matière première s’étant adaptée au goût du jour. Le bois de châtaignier, longtemps utilisé, car il se coupe et s’écorce facilement à la serpe, est ainsi remplacé par de multiples essences, coupées mécaniquement, telles que le pin ou les bois exotiques. « L’opération de coudre le treillage est une des plus usitées dans cet art, et quoique très simple, demande cependant une certaine adresse pour être faite avec diligence et solidité », peut-on lire dans le livre de Roubo. Le commentaire est toujours valable. Si le savoir-faire n’est guère complexe pour un menuisier classique, la rapidité d’exécution est une spécificité des treillageurs. Il faut, en effet, savoir redessiner le treillage à échelle 1 à partir d’un simple croquis, c’est-à-dire calepiner l’ensemble du décor. Le treillageur doit donc faire preuve d’une grande dextérité et maîtriser la géométrie, afin de reproduire les mailles de ces grandes dentelles de bois. Il lui faudra ensuite assembler les lattes, voire les ceintrer, puis les clouer, les river ou les coudre avant de les peindre dans une palette très spécifique, qui va du blanc au bleu, en passant par le vert, afin de rester toujours en harmonie avec l’environnement naturel.
Il n’existe aucune formation spécifique. Les treillageurs ont en général une formation de menuisier.
À lire : L’Art du treillage, collectif, éd. Spiralinthe, 2006, 130 euros, ISBN 978-2-913440-16-9.
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Treillageur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°280 du 25 avril 2008, avec le titre suivant : Treillageur