Dans la lignée des grands maîtres de l’art mural, ce professionnel perpétue la tradition des panoramiques et des trompe-l’œil.
Héritier d’une tradition décorative séculaire, le métier de peintre en décor connaît depuis quelques années un nouvel essor. La mode de la décoration intérieure conjuguée au goût d’une clientèle aisée a suscité un renouveau de cette pratique créative, pour le meilleur et pour le pire. Les décors pour le cinéma et le théâtre, voire pour des lieux publics, continuent, par ailleurs, de mobiliser des peintres décorateurs. Faux-marbre, faux-bois, grotesques, dorures, grisailles, patines, mais aussi panoramiques et trompe-l’œil requièrent, en effet, une connaissance picturale technique spécifique, que seuls des professionnels du support mural maîtrisent. « La différence avec la peinture de chevalet est la connaissance des règles de perspective, qui se calcule en fonction de la taille du mur, de la pièce et de l’angle de vision », explique Isabelle Arpagian, peintre en décor franco-allemande installée en Charente.
Écoles privées onéreuses
Face à cette demande, les écoles privées se sont multipliées, dispensant pour la plupart des formations professionnelles de courte durée. Elles sont souvent très onéreuses pour les étudiants, certains stages avoisinant les 10 000 euros. « De nombreux jeunes issus de ces formations viennent me voir. Ils semblent désœuvrés, ne trouvent pas de travail et sont mal préparés au travail de chantier », regrette Isabelle Arpagian. Elle-même avoue avoir rencontré des difficultés pour satisfaire sa volonté d’apprentissage. « Arrivée à Paris, j’ai recherché les écoles des beaux-arts ou d’arts décoratifs formant aux techniques anciennes de peinture en décor, mais il n’existait pas d’enseignement spécifique ». Depuis 2004, une nouvelle formation s’est ouverte à l’ombre du château de Versailles : l’École d’art mural de Versailles. Animée par une franco-canadienne, Lisa Staniforth-Gourdon, et par une équipe de professionnels en activité, cette école privée dispense des formations à la carte pour un public au profil très hétérogène : peintres en quête d’un perfectionnement technique, diplômés des beaux-arts souhaitant passer à l’échelle du grand format, anciens peintres en bâtiment... C’est de ce métier qu’est issu Mickaël Domain, professionnel établi lui aussi en Charente. « Cette première expérience a été très précieuse. Elle m’a permis d’apprendre le B.A.BA du métier, c’est-à-dire la préparation du support, mais aussi les réalités du chantier, où l’on travaille en liaison avec d’autres corps de métiers (staffeurs, ébénistes…) », confirme-t-il. Avant de s’installer en qualité d’artiste-peintre-décorateur, inscrit à la Maison des artistes, il a néanmoins suivi les cours de l’Institut Guégan (Quimiac-Mesquer), toujours animé, à 60 ans passés, par Yannick Guégan, qui jouit d’une réputation internationale grâce à ses nombreuses publications et à sa technique spécifique combinant encre et acrylique. Si le métier perpétue des savoir-faire ancestraux – certains peintres décorateurs restaurent également des décors anciens –, il prend également en compte les évolutions techniques et l’apparition de produits moins nocifs que l’huile. Mickaël Domain promeut ainsi une nouvelle technique de fresque sur toile, procédé de chaux élastique inventé par une société italienne. « Le “phénomène déco” a provoqué l’arrivée sur ce marché de nombreux professionnels qui ne maîtrisent pas les techniques, déplore Mikaël Domain. Mais dans ce domaine, on est vite rattrapé par la réalité de l’exécution ». Or, le bouche-à-oreille reste souvent le meilleur moyen de trouver une clientèle pour ces peintres, dont la plupart travaillent en indépendants, avec un statut d’artisan ou d’artiste (à titre d’exemple, une spécialisation en faux-marbre est synonyme de statut artisanal). Quelques entreprises spécialisées, tel l’atelier parisien Mériguet-Carrère – qui pratique restaurations et créations – ou autres entreprises de décoration, emploient de rares peintres salariés. Isabelle Arpagian préfère pour sa part privilégier le contact direct avec ses clients, sans l’intermédiaire des entreprises de décoration. « Il faut savoir être à leur écoute et s’adapter à leurs goûts. C’est un vrai métier de caméléon ».
De très nombreuses écoles privées dispensent des formations. Parmi celles-ci : - École van der Kelen-Logelain, Institut supérieur de peinture, rue du Métal, 30, 1060 Bruxelles (Belgique), tél. 32 02 537 53 85, www.vanderkelen.com La plus ancienne des écoles, qui fête ses 125 ans. Elle forme surtout aux techniques traditionnelles des faux-marbre et faux-bois. - École d’art mural de Versailles, 41, rue de la Paroisse, 78000 Versailles, tél. 01 39 51 83 72, www.ecoleartmural-versailles.com Ouverte en 2004, cette formation professionnelle mise sur la qualité de ses enseignants et la taille réduite de ses ateliers (pas plus de 10 élèves). Formations longues (25 semaines) et courtes, à la carte. Formation en cours de certification. - Institut Yannick Guégan, 61, rue d’Hoedic, 44420 Quimiac-Mesquer, tél. 02 40 42 56 07, www.institut-yannickguegan.com Ouverte en 1995 par un meilleur ouvrier de France de réputation internationale. Ateliers de 8 élèves. - Ipedec (Institut supérieur de peinture décorative), 22, rue des Grilles, 93500 Pantin, tél. 01 48 10 86 00, www.ipedec.com Durée : 23 semaines, titre homologué par l’État. - École d’Avignon, 6, rue Grivolas, 84000 Avignon, tél. 04 90 85 59 82, www.ecole-avignon.com. Centre de formation à la réhabilitation du patrimoine architectural qui propose un cycle consacré à la peinture décorative. Formation de peintre en décor du patrimoine : 840 heures, titre homologué par l’État.
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Peintre en décor
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°270 du 30 novembre 2007, avec le titre suivant : Peintre en décor