Les professionnels souffrent d’un défaut de lisibilité de leur activité. La pluralité des voies d’accès à ces savoir-faire complique encore l’orientation des jeunes.
Organisées à Paris, le 10 décembre 2007, à l’initiative de la Société d’encouragement aux métiers d’art (SEMA), les 2e Rencontres nationales des métiers d’art ont été l’occasion pour les professionnels de s’interroger sur la visibilité de leurs métiers.
Or, celle-ci passe notamment par une simplification et une clarification des formations, pléthoriques dans certains secteurs et inexistantes dans d’autres, très souvent obsolètes. Le fidèle lecteur de cette rubrique saura à quel point il est difficile de s’aiguiller dans les méandres des formations des 217 métiers d’art recensés par une liste officielle établie en décembre 2003, ce qui nuit inévitablement à leur attractivité. L’un des intervenants des Rencontres déplorait ainsi avec justesse l’absence de plateforme d’orientation commune destinée aux jeunes, qui sont encore très souvent dirigés dans ces filières « par punition ».
Pluralité de voies d’accès
Car il existe bel et bien une pluralité de voies d’accès à ces métiers, avec des différences de niveaux de qualification parfois significatives. L’Éducation nationale prend en charge une part importante de ces enseignements (qui peuvent aussi être dispensés dans des établissements privés). Depuis peu, l’institution s’est enfin penchée au chevet de ses formations, afin d’en clarifier et d’en moderniser le contenu – certaines n’avaient pas été revues depuis les années 1960. De plus, un arrêté du 29 juin 2007 a permis de distinguer 80 certificats d’aptitude professionnelle (CAP) spécialisés dans les « métiers d’art », qui étaient jusque-là noyés dans les 250 formations en CAP. « Cette liste va permettre de renforcer la lisibilité de ces métiers et de faciliter l’orientation des jeunes, a ainsi souligné Françoise Cœur, inspectrice générale des arts appliqués, du design et des métiers d’art au ministère de l’Éducation nationale. Leur identification permettra notamment de mener un recrutement à une échelle nationale et non plus uniquement locale ». Plusieurs de ces CAP ont, par ailleurs, fait l’objet d’une refonte globale, permettant de prendre en compte la modernisation des métiers. L’objectif est aussi de viser l’excellence, en élevant le niveau des formations dans lesquelles sont notamment renforcés les enseignements en langues. L’idée serait de créer l’équivalent d’un diplôme supérieur des métiers d’art d’un niveau Bac 4, qui n’existe pas à ce jour.
Cette proposition est pourtant loin de faire l’unanimité. Les partisans de l’apprentissage (formation en alternance en entreprise) ont, en effet, tenu à rappeler l’importance de la pratique professionnelle pour des métiers souvent établis sur la base de la transmission d’un savoir-faire. L’apprentissage – financé par la taxe d’apprentissage versée par les entreprises –, reste encore l’une des principales voies de formation vers les métiers de l’artisanat. Faut-il pour autant opposer enseignement à plein-temps et alternance ? Les deux semblent plutôt complémentaires, toutes les formations impliquant à un moment ou un autre l’immersion professionnelle. Le profil des élèves formés dans les centres de formation et d’apprentissage, ouverts aux jeunes à partir de 16 ans, tend à évoluer vers une hétérogénéité de plus en plus marquée. « Depuis quelques années, nos élèves ne sont plus uniquement issus de classe de 3e, mais aussi de l’Université, a souligné Pascal Porte, directeur du Centre de formation d’apprentis (CFA) La Bonne Graine, à Paris, qui accueille 200 élèves par an dans ses sections dédiées aux métiers du meuble. Le taux d’apprentis évoluant vers les études secondaires est aussi en nette augmentation. « L’apprentissage commence à ne plus être considéré comme une simple voie de garage ».
Au-delà du cadre de ces formations initiales, ces professions attirent aussi de plus en plus d’adultes en quête d’une reconversion. Outre les nombreuses écoles privées d’un niveau très variable, viennent s’agréger des offres en formation continue, ainsi que les validations des acquis de l’expérience (VAE), qui complexifient encore l’architecture des voies d’accès aux métiers de l’artisanat d’art. Il faut aussi noter le dispositif des maîtres d’art financé par le ministère de la Culture et de la Communication, conçu pour assurer la transmission de savoir-faire rares, dont les formations ont disparu ou sont menacées. L’Éducation nationale s’y est engagée lors de ces Rencontres : un vaste chantier s’est ouvert sur le sujet. Il était plus que temps.
Niveau V (niveau 3e) - CAP : certificat d’aptitude professionnelle aux métiers d’art - MC : mention complémentaire (spécialisation, durée : 1 an) Niveau IV (après un CAP) - Bac pro : baccalauréat professionnel artisanat et métiers d’art - BMA : brevet des métiers d’art - MC : mention complémentaire Niveau III (bac 2, accessible notamment après un BMA) - DMA : diplôme des métiers d’art - DSAA : diplôme supérieur des arts appliqués L’ensemble des formations aux métiers d’art de l’Éducation nationale est recensé sur : http://www.lycee-pasteur.com/sitenational/ouvoiepro.html Répertoire des formations sur le site de la SEMA : http://www.metiersdart-artisanat.com
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Métiers d’art : dans le maelström des formations
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°272 du 4 janvier 2008, avec le titre suivant : Métiers d’art : dans le maelström des formations