Le secteur de l’interactivité séduit de plus en plus de professionnels issus des milieux culturels.
Maquettes virtuelles, reconstitutions, films d’animation en trois dimensions, bornes interactives, sites Internet proposant des visites virtuelles…, depuis plusieurs années déjà, les nouvelles technologies ont fait leur apparition dans le domaine du patrimoine et des musées. Le virtuel présente en effet plusieurs avantages en termes de valorisation. Pour le grand public, la maquette virtuelle offre la possibilité de faire revivre un monument détruit ou un site archéologique, grâce à une représentation théorique et interactive. En juin 2006, le Centre des monuments nationaux (CNM) inaugurait ainsi un ambitieux dispositif de restitution de l’église de l’abbaye de Cluny (Saône-et-loire), un projet conçu en partenariat avec l’École nationale supérieure d’arts et métiers (Ensam). Pour les spécialistes, ces outils technologiques présentent aussi de multiples intérêts. Le virtuel permet en effet de valider ou d’invalider des hypothèses de restitution. Il constitue ainsi une aide précieuse pour l’interprétation des restes archéologiques, ou pour proposer des restitutions d’élévations de monuments. Conscients des avantages de cet outil, plusieurs laboratoires universitaires se sont dotés de cellules spécialisées, tel le centre Ausonius à Bordeaux, qui a également constitué un conservatoire de données archéologiques 3D. Fort d’une demande croissante émanant de musées, de sites archéologiques, de gestionnaires de monuments historiques ou d’organismes de valorisation du patrimoine, un métier nouveau est né : celui de concepteur multimédia spécialisé dans le patrimoine. Quelques entités spécialisées ont ainsi été créées : sociétés d’édition, agences de communication ou de publicité dotées d’un département multimédia, studios de création... Elles restent toutefois peu nombreuses, malgré la croissance de la demande. « Il faut trouver le modèle économique adéquat, explique Hubert Naudeix, fondateur et animateur de la société Aristeas, basée à Arles (Bouches-du-Rhône). Au début des années 2000, la plupart des sociétés éditrices de cédérom ont disparu, le produit, très coûteux à éditer, étant victime notamment de la copie. » Aristeas développe donc des coéditions en partenariat avec des éditeurs privés et des institutions publiques, comme l’illustre une collection de livres accompagnée de DVD lancée conjointement avec la Cité de l’architecture et du patrimoine et les éditions Actes Sud (Arles).
Maîtriser l’histoire et la technique
Le bassin d’emploi étant restreint, les employeurs privilégient chez le concepteur multimédia la polyvalence et la capacité à travailler en équipe. « Pour une question d’efficacité, mes collaborateurs sont en général historiens ou historiens de l’art de formation. Mais ils ont acquis, parfois par goût personnel, une bonne connaissance technique et graphique », précise Hubert Naudeix, lui-même architecte d’intérieur de formation. La conception s’effectue en effet de concert, et en fonction des projets, entre scénaristes, programmeurs, infographistes, réalisateurs vidéo et ingénieurs du son. Dans cette chaîne, le concepteur multimédia, ou spécialiste de l’interactivité – c’est-à-dire du dialogue entre usager et outil informatique –, occupe le maillon clef de coordinateur. Il se situe entre le directeur artistique et l’auteur – qui définissent le concept et son unité visuelle en amont –, et les informaticiens, capables, en aval, de transcrire le projet sous forme de données techniques. Tel un chef d’orchestre, le concepteur prend en charge la définition éditoriale de l’ensemble des opérations. Il doit donc être capable de déterminer les choix en termes de contenus, mais aussi de valider les prises de décisions techniques les plus adaptées au produit. L’expérience permet aussi de faire évoluer les prétentions et de passer du statut de concepteur junior, généralement rémunéré à peine plus que le smic, à celui de chef de projet, qui gère à la fois la faisabilité du projet et sa phase opérationnelle (recrutement des collaborateurs, marketing…).
Par sa polyvalence, le métier séduit de plus en plus de professionnels issus d’autres horizons que l’informatique (architectes, archéologues, historiens…), qui se reconvertissent dans ce secteur requérant une bonne culture générale, mais aussi une réelle créativité.
Les formations à la conception multimédia généraliste sont multiples. Elles sont dispensées à la fois à l’Université (à vocation parfois plus expérimentale que professionnelle), dans les écoles d’ingénieurs ou encore par quelques écoles spécialisées. À noter toutefois, les formations spécifiques au multimédia culturel proposées par l’IESA (Institut d’études supérieures des arts) et l’Ensam (École nationale supérieure d’arts et métiers): - Département multimédia de l’IESA : formation initiale, ouverte aux bacheliers, et formation professionnelle. IESA, 5, avenue de l’Opéra, 75001 Paris, tél. 01 42 86 57 01, www.iesa.info - Master « Technologie, culture et patrimoine » de l’ENSAM : formation au métier de chef de projet, conçu en partenariat, notamment, avec le Centre des monuments nationaux. Admission à bac 5 ou bac 4 avec 3 ans d’expérience professionnelle dans les domaines de l’architecture, de l’urbanisme, de la scénographie, de l’ingénierie, de la médiation culturelle Ensam Cluny, porte de Paris, 71250 Cluny, tél. 03 85 59 53 86, www.cluny.ensam.fr
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Concepteur-réalisateur multimédia
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°259 du 11 mai 2007, avec le titre suivant : Concepteur-réalisateur multimédia