RIO DE JANEIRO (BRESIL) [10.09.13] - La foire de Rio n’a pas connu l’enthousiasme de 2012, mais confirme être une valeur sûre du continent. Elle s’est aussi déroulée dans un contexte socio-économique plus chahuté.
Quand on crée trop d’attentes, on prend le risque de la déception. ArtRio 2012 (lire le JDA 376, 5 octobre 2012) avait été aussi chaotique que prometteuse : Gagosian, Zwirner & White Cube étaient là pour la première fois mais une performance lors du vernissage avait vu la nudité collective virer au malaise général ; les ventes étaient euphoriques mais les stars en pagaille et un public mal contrôlé avaient achevé de coller à Rio ses habituels clichés : beauté exotique, désorganisation et optimisme débridé.
En 2013, le public a été bien mieux géré. Les 52 000 visiteurs (les entrées ont été limitées) ont pu déambuler dans des stands mieux tenus : 106 galeries au lieu de 120 l’an dernier (30% étrangers dont beaucoup d’émergents, parmi lesquels Emmanuel Hervé, de Paris). La foire a conservé ses têtes d’affiches new-yorkaises, auxquelles s’est ajoutée la Pace Gallery. Parmi les nouveaux, Victoria Miro ou Marian Goodman, qui a signé sans doute le plus beau stand de la foire : Giuseppe Pennone, Cristina Iglesias, William Kentridge et Annette Messager. Côté brésilien, Vermelho et Luisa Strina (São Paulo) tenaient le haut du pavé, avec les surprenantes Amparo 60 (Recife) et Lurixs (Rio), qui présentait notamment le travail de José Bechara.
Mais il y a aussi des absents notables : Hauser & Wirth n’a pas renouvelé l’essai de 2012, ni Alison Jacques, Kaikai Kiki ou encore Neugerriemschneider et Stephen Friedman qui semblent avoir choisi São Paulo, foire plus mûre, dont l’édition 2013 (lire le JDA 390, 26 avril 2013) a incontestablement marqué des points.
De l’avis général, les ventes ont démarré faiblement. Le nouvel an juif (le soir du vernissage) et la pluie – qui a causé la fermeture de l’aéroport du centre – l’expliquent en partie. La suite de la foire semble avoir permis un rattrapage des ventes à la hauteur des attentes – mais pas davantage. Un Calder serait parti (chez Pace, qui lui avait consacré tout son stand) aux alentours de 18M BRL (6 millions d’euros), ainsi qu’un Fernand Léger chez Gagosian autour de 3,5 millions d’euros. Les autres montants murmurés étaient plus modestes, notamment pour les artistes brésiliens qui ont constitué de nouveau l’essentiel des ventes – notamment un Antônio Bandeira vendu à 2,7 M BRL (900 000 €) selon le journal A Folha de São Paulo. Mais alors qu’on parlait de l’ « euphorie » de 2012, riende tel pour 2013. Alexandre Gabriel, de la galerie Fortes Villaça annonçait autour de « 70% de ventes, un peu moins bien que l’an passé ».
La foire n’est pas forcément directement responsable de ces résultats mitigés. D’abord, la chute du real brésilien (entre -15% et -17% en un an, par rapport au dollar et à l’euro) a fait grimper les prix pour les collectionneurs nationaux et les institutions brésiliennes, qui représentaient en 2012 77,5% des acheteurs pour les galeries brésiliennes. Leur prudence s’explique également par une croissance ralentie – autour de 2% estimés en 2013 – et un contexte social actuel agité. Enfin, les années impaires, la foire ne profite pas de la biennale de São Paulo, qui draine en automne de nombreux collectionneurs.
Et puis le marché brésilien arrive à maturité comme le constate Ana Leticia Fialho dans sa nouvelle étude sur les galeries brésiliennes. En 2011, les 32 galeries majeures interrogées représentaient seulement 10% des exportateurs mais déjà 30% en valeur de l’art exporté par le Brésil (chiffres de l’APEX, l’association brésilienne de soutien à l’export). En 2012, les 44 répondants (15% des acteurs) ont dépassé 50% en valeur. Le signe d’une maturation des acteurs principaux et d’une concentration du secteur.
L’étude confirme également que pour 60% des galeries, SP-Arte (São Paulo) est la foire la plus importante (Rio ne l’est que pour 13,5% des répondants, juste devant Art Basel Miami à 11,5%). 2014, année de biennale (et de coupe du monde !), dira si le Brésil a réellement vocation à abriter deux foires de niveau international.
ArtRio - Chaque année début septembre, Pier Mauá, 10, avenida Rodrigues Alves, Praça Mauá, Rio de Janeiro, Brasil. Commissaires: Brenda Valansi & Elisângela Valadares
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ArtRio 2013, plus sage, plus mûr
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