Affaire du vrai-faux tableau : des experts français critiquent Séoul

"Beautiful Woman", une oeuvre attribuée à Chun Kyung-Ja (1924-2015), est depuis des décennies au coeur d'un étrange contentieux entre d'un côté l'artiste et sa famille et, de l'autre, le Musée national d'art moderne et contemporain (MMCA), qui dispose de plusieurs antennes en Corée du Sud.

Avant sa mort l'an dernier à 91 ans à New York, l'artiste n'a cessé de répéter qu'elle n'était pas l'auteure de cette toile. Mais le Musée était formel et prétendait le contraire. Le parquet qui s'est saisi de l'affaire a donné la semaine dernière raison au musée. "Le procureur n'a pas pris en considération, ni la bonne foi d'une artiste reconnue et respectée (...) ni d'autre part le travail de notre laboratoire pour étudier ces oeuvres de manière objective", s'est insurgé l'entreprise française Lumière Technology. Elle souligne avoir pourtant effectué son étude à la demande du procureur et avoir fourni des preuves que le tableau était un faux. La famille de l'artiste a également rejeté les conclusions du procureur. "Nous nous demandons si le procureur (...) a plié face à une pression politique", a affirmé la famille.

La toile avait un temps appartenu à l'ancien chef des services de renseignement sud-coréens (NIS), Kim Jae-gyu. Elle était devenue propriété de l'Etat quand ce dernier avait été pendu en 1980 pour avoir assassiné l'année précédente l'ancien dictateur Park Chung-Hee. Chun Kyung-Ja s'est fait connaître pour ses portraits de femmes parées de fleurs aux couleurs vives, tranchant avec les canons traditionnels de la peinture sud-coréenne. Ses oeuvres ont récemment atteint jusqu'à un million de dollars aux enchères.